Rapprocher les gens grâce aux droits de la personne

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Par Université d'Ottawa

Centre de recherche et d'enseignement sur les droits de la personne, CREDP

Rapprocher les gens grâce aux droits de la personne
Dire qu’Emilie Di Grazia, diplômée du Programme spécialisé en études des conflits et droits humains de la Faculté des sciences sociales (B. Sc. Soc. 2017) et membre de longue date du Centre de recherche et d’enseignement sur les droits de la personne (CREDP), est passionnée par les droits de la personne n’est pas un euphémisme!

Une vocation précoce

« J’avais cinq ans lorsque j’ai expliqué à mes parents, après avoir vu un casque bleu à la télévision, que ce que je voulais faire, c’était aider les gens dans le monde! » confie-t-elle d’emblée. À cette vocation précoce pour l’humanitaire s’est ajoutée une passion pour l’histoire. « Dès le secondaire, j’ai été fascinée par les événements du XXe siècle, explique-t-elle, ce qui m’a naturellement conduite à étudier la politique internationale en m’intéressant aux conflits. ».

Une vocation précoce
1) Opération de collecte des bulletins de vote facilitée par l’OSCE au Kosovo pour les élections serbes (2020); 2) Emilie (à droite) - Photo officielle des pages (2013); 3) Fondation Aga Khan, Tanzanie (2019).

Des sciences politiques à la justice transitionnelle

Au début de ses études à l’Université d’Ottawa, Emilie est sélectionnée, avec 40 autres brillant(e)s étudiant(e)s de tout le Canada, pour participer au très sélectif Programme fédéral des pages de la Chambre des communes.

Elle poursuit ses études en travaillant partiellement aux Musées canadiens de la Guerre et de l’Histoire. En 2016, elle frappe à la porte du CREDP. D’abord comme bénévole, elle participe d'abord à l’élaboration d’une nouvelle base de données sur les droits humains internationaux et le Canada, une initiative développée par la Clinique sur les droits de la personne du Centre. Elle devient par la suite la coordonnatrice (rémunérée!) d’un cours d’été innovant. Son engagement en faveur des droits de la personne au CREDP, associé à une bonne dose de détermination, a naturellement conduit Emilie à la prestigieuse Académie de Droit international humanitaire et des droits humains à Genève, où elle obtient un Masters of Advanced Studies (MAS) en Justice transitionnelle, droits de la personne et État de droit.

En mission au sein d’une organisation internationale

Avoir réussi à transformer sa passion en un véritable métier est une source de fierté pour la jeune canadienne. Elle a commencé en Tanzanie, où elle était conseillère en matière d’égalité des sexes et de droits de la personne pour la Fondation Agha Khan, et travaille maintenant comme représentante de la Mission au Kosovo de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Créée pendant la guerre froide, l’OSCE cherche à assurer la stabilité politique et militaire de la région, et compte aujourd’hui 57 États participants, dont le Canada.

En poste au sein de la mission du Kosovo en tant qu’agente aux droits de la personne de l’organisation depuis octobre 2019, Emilie fait partie de la section « communautés » dans l’une des cinq régions du Kosovo sous protection des Nations Unies depuis l’adoption en 1999 de la Résolution 1244 du Conseil de Sécurité. Basée dans la capitale Pristina, elle travaille sur le terrain avec des communautés minoritaires de l’ex-Yougoslavie, entre autres, serbe, albanaise et Roma.

Veiller aux droits de la personne par la coopération

En plus de son rôle d’agente de terrain et de rapporteure pour le siège de la mission et celui des états membres à Vienne, Emilie coordonne et soutient les projets de renforcement des capacités des municipalités et institutions locales dans des domaines tels que l’éducation, l’accès aux services, l’inclusion des femmes, les droits linguistiques et les transports, en mettant l’accent sur l’inclusion des organisations de la société civile liée aux communautés du Kosovo.

L’expérience du CREDP mène au Kosovo

« Mon travail aujourd’hui est en grande partie la continuation de ce que j’ai fait en tant que coordonnatrice du Cours d’été sur les Arts et les Droits de la personne du CREDP, sous le thème des arts et de la culture autochtone », indique la diplômée de l’Université d’Ottawa.

Ce cours abordait les questions des droits de la personne et de réconciliation au Canada sous l’angle des relations culturelles entre les peuples autochtones et les personnes d’origine principalement européenne. « Mettre en relation des personnes issues de différentes communautés, faciliter les échanges et identifier les points communs, afin d’en tirer des enseignements dans un optique de réconciliation, sont des responsabilités qui font partie intégrante de la mission que je mène aujourd’hui, auprès des communautés serbe et albanaise du Kosovo ».

L’expérience du CREDP mène au Kosovo
1) Formation initiale à Vienne, OSCE (2019); 2) Réunion d'un comité des communautés à Lipjan/Lipljan (2021); 3) Première journée de l’édition 2017 du cours d’été sur les arts et les droits de la personne du CREDP.

Un cours innovant et exemplaire

Pour Emilie, la force de ce cours résidait indéniablement dans sa capacité à offrir aux participants l’opportunité de combiner les idées et les domaines de l’art et du droit, souvent considérés à des années-lumière les uns des autres, afin de mettre en relation des personnes au lourd bagage historique.

« Cette expérience a été un modèle du genre, souligne-t-elle, car en plus d’offrir aux étudiants de toutes les facultés l’accès à des séminaires multidisciplinaires avec des spécialistes de la politique, du droit, des documentaristes ou des artistes, ce cours leur proposait des activités de terrain axées sur la découverte de l’autre à travers sa culture, comme lorsque nous avons visité la communauté Kitigan Zibi Anishinabeg. L’impact et les bénéfices de ce cours sur ma mission actuelle sont indéniables!» atteste la jeune professionnelle.

Un point tournant

Si le CREDP a offert à l’étudiante idéaliste des opportunités d’apprentissage et des outils durables pour son développement professionnel, il s’est avéré être un tournant dans sa carrière. « Pour moi, issue d’une famille de la classe ouvrière et qui suis la première à être allée à l’université, me rapprocher du CREDP m’a aidé à surmonter une barrière invisible », avoue-t-elle, évoquant un certain préjugé de classe qui tendrait à associer ce qui touche à la sphère du droit, à quelque chose d’élitiste et d’inaccessible.

« J’encourage vraiment les étudiantes et les étudiants en sciences humaines et en science politique qui se demandent s’ils doivent s’impliquer avec le Centre à y aller sans hésiter! » affirme-t-elle.

— Karine Fossou