Les angles morts des réponses technologiques à la pandémie de COVID-19

Le Centre de recherche en droit, technologie et sociétéprésente, en collaboration avec la Chaire Abéona-ENS-OBVIA en intelligence artificielle et justice sociale :

Les réponses numériques jouent un rôle de premier plan dans la gestion de la pandémie de COVID-19 pour ne penser qu’à la diffusion de l’information de santé publique en ligne, au télétravail, aux démarches pour obtenir des prestations d’aide (PCU), à la télémédecine ou aux applications de notification de contacts. Ces réponses traduisent une transition numérique accélérée dans une très courte échelle de temps, et ce, dans une diversité de secteurs. En contexte de distanciation sociale, l’accès et la capacité à utiliser des technologies deviennent non seulement un avantage, mais une nécessité.

Il est nécessaire de s’intéresser à l’effet de ces réponses technologiques sur les populations qui sont déjà socialement ou économiquement marginalisées. Une marginalisation qui s’appuie sur un certain nombre d’inégalités préexistantes à la pandémie, par ailleurs bien documentées par la littérature scientifique, mais qui n’ont généralement pas été mises en avant, lorsqu’appliquées aux réponses technologiques et, surtout, qui n’ont pas été mises en lien les unes avec les autres. Nous soutenons effectivement que ces angles morts résident dans une difficulté à appréhender l’interconnexion entre ce que nous définissons comme le caractère multidimensionnel des fractures socio-numériques. En particulier, le fait de ne pas approfondir la nature et les liens entre les inégalités numériques et les inégalités en santé a pour conséquence une omission des aspects structurant de la marginalité de ces populations et, ce faisant, une invisibilisation de leurs caractéristiques et de leurs besoins spécifiques.

Dans leur rapportLes angles morts des réponses technologiques à la pandémie de COVID-19 : Disjonction entre les inégalités en santé et numériques structurantes de la marginalisation de certaines populations rédigé dans le cadre des travaux de l’OBVIA sur la pandémie, Alexandra Bahary-Dionne et Karine Gentelet propose une analyse de ces réponses technologiques et mettent en lumière une série d’angles morts qui se décline sous trois axes : les inégalités de santé, le caractère multidimensionnel des fractures numériques et l'entrecroisement spécifique entre les inégalités de santé et les inégalités numériques.

À propos des conférencières

Alexandra Bahary-Dionne est candidate au doctorat en droit à l’Université d’Ottawa et anciennement auxiliaire de recherche au sein de la Chaire Abeona-ENS-Obvia en intelligence artificielle et justice sociale.  Ses intérêts et travaux de recherche portent sur l’accès à la justice et à l’information juridique, la participation citoyenne au sein des initiatives juridiques et numériques, l'appréhension des inégalités sociales dans le champ du droit privé ainsi que les méthodes de recherche empiriques, en particulier en contexte numérique, et à leurs implications éthiques.

Karine Gentelet est titulaire de la Chaire Abeona-ENS-Obvia en intelligence artificielle et justice sociale et professeure associée au Département des sciences sociales de l’Université du Québec en Outaouais (UQO). Elle est également chercheure associée et professeure invitée (2020-2021) au Centre de recherche en droit, technologie et société de l’Université d’Ottawa. Ses intérêts de recherche et ses publications portent sur la reconnaissance des droits des Peuples autochtones, les usages de la technologie numérique et l’intelligence artificielle au service de la justice sociale, l’éthique de la recherche en contexte autochtone et la responsabilité sociale des chercheurs. Elle co-responsable d’un axe de recherche sur les relations internationales, l’action humanitaires et les droits humains au sein de l’OBVIA. Elle est fortement engagée dans la promotion et la défense des droits de la personne auprès d’Amnistie Internationale depuis 2007.