Recueillir des données sur les tumeurs cérébrales de façon sécuritaire? Le Dr Thanh Nguyen fait équipe avec la plateforme de métabolomique pour le découvrir

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Par Université d'Ottawa

Cabinet du vice-recteur à la recherche et à l'innovation, CVRRI

IRM d'un gliome de haut grade dans le cerveau d'un patient et graphiques montrant les métabolites anormaux dans le gliome.
IRM d'un gliome de haut grade dans le cerveau d'un patient (à droite) et graphiques montrant les métabolites anormaux dans le gliome (à gauche).
Normalement, un diagnostic de tumeur cérébrale primitive (ou « gliome ») s’accompagne d’une biopsie ou d’un recoupement, c’est-à-dire une procédure par laquelle on prélève chirurgicalement un échantillon de la tumeur afin de l’analyser. Les biopsies aident les oncologues à confirmer la présence d’une tumeur et à déterminer si elle est maligne ou bénigne. Ces données éclaireront le plan de traitement privilégié par l’oncologue.

Cependant, ces procédures effractives comportent des risques.

« Les complications, telles que les hémorragies ou les infarctus, l’obstruction de la circulation sanguine, peuvent aggraver l’état neurologiques du patient », explique le Dr Thanh Nguyen, neuroradiologue à L’Hôpital d’Ottawa et professeur agrégé à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa. « Il arrive aussi que la tumeur soit logée dans une zone très sensible – dans le tronc cérébral ou le thalamus, par exemple – où il est dangereux de pratiquer une biopsie. »

Cela a amené le Dr Nguyen à chercher une nouvelle méthode, non effractive, pour poser un diagnostic et émettre un pronostic en présence d’un gliome. Il étudie actuellement la possibilité qu’une technique d’imagerie appelée spectroscopie par résonance magnétique (SRM) puisse servir de « biopsie virtuelle ».

Les tumeurs cérébrales produisent certains métabolites que les spécialistes analysent afin de déterminer le type de gliome. Certains gliomes se développent lentement et sont considérés comme relativement bénins, alors que d’autres sont malins et se développent rapidement. Ces spécialistes s’appuient donc sur la présence ou l’absence de métabolites spécifiques pour déterminer la dangerosité d’une tumeur.

Par exemple, la technique par résonance magnétique à laquelle le Dr Nguyen s’intéresse permet de détecter et de quantifier un biomarqueur bien précis, le 2-hydroxyglutarate. Les personnes dont la tumeur contient ce métabolite ont généralement de meilleures chances de survie que celles qui ne le contiennent pas.

« Par le passé, les techniques d’imagerie cérébrale n’étaient pas assez perfectionnées pour déceler certains métabolites, étant donné que ceux-ci sont présents dans le cerveau en très faibles concentrations », explique le scientifique. « Les appareils d’IRM sont maintenant plus puissants, ce qui nous permet de les analyser sans avoir à pratiquer une intervention chirurgicale. »

Si la méthode s’avère concluante, on pourrait éviter une biopsie chez les personnes dont les tumeurs se situent dans des zones sensibles du cerveau.

« C’est là qu’entre en jeu la plateforme de métabolomique », poursuit-il. « Depuis deux ans, nous collectons des échantillons de tissus provenant de chirurgies cérébrales. Nous avons l’intention d’envoyer des spécimens de biopsie de 100 personnes à la plateforme technologique afin que son équipe puisse analyser les métabolites de ces prélèvements. »

La plateforme de métabolomique
La plateforme de métabolomique

« Les plateformes technologiques mettent des équipements coûteux à la portée de la communauté de recherche, ce qui facilite les découvertes et les innovations et contribue à promouvoir les bonnes pratiques en matière de recherche », explique Shama Naz, responsable de la plateforme de métabolomique. « Notre installation donne accès à des instruments de spectrométrie de masse à haut débit et à des experts pour aider les chercheuses et chercheurs à mieux comprendre le rôle des métabolites dans la recherche fondamentale, translationnelle et clinique ».

Dans le cadre de ce projet, la plateforme technologique identifiera et quantifiera les différentes molécules présentes dans les échantillons de tumeurs, afin que le Dr Nguyen puisse comparer les résultats obtenus avec ceux qu’il a lui-même recueillis par SRM. L’objectif est de déterminer si les deux méthodes parviennent à des conclusions similaires.

« Si les résultats concordent à peu de choses près, nous pourrions nous appuyer sur l’imagerie pour guider le traitement des patientes et patients plutôt que de procéder à des biopsies lorsque ce n’est pas sûr », affirme le Dr Nguyen. « La découverte d’un outil pronostique non effractif pourrait réduire les risques pour les personnes atteintes. C’est pour cette raison que ce projet me tient autant à cœur. C’est ce qui me motive à faire de mon mieux. »