La vision d'une professeure pour un rolodex des artistes PANDC canadiens prend forme

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Étudiants regardant une présentation en classe
De gauche à droite : Tia Carey, Fatoumata Bah, Felicity Taler, Kayla Eli, Ming Tiampo, Celina Jeffery, Ashley Carmichael, Candide Mawoko. Photo de Jinny Yu
Quand Jinny Yu, professeure titulaire au Département d’arts visuels, a proposé à ses collègues d’enseigner davantage d’œuvres d’artistes PANDC (personnes autochtones, noires et de couleur), on lui a tout de suite répondu que ces artistes étaient difficiles à trouver. Jinny s’est alors donné comme mission de prouver le contraire.

C’est ainsi qu’est né le Canadian BIPOC Artists Rolodex (Rolodex des artistes PANDC canadiens), un projet au confluent de la création de connaissances, de la promotion, de la diffusion et des sciences humaines numériques. En tant qu’artiste qui se sert de la peinture pour mieux comprendre le monde et la place qu’elle y occupe, Jinny était bien consciente qu’elle ne pouvait pas entreprendre ce projet seule. Elle a donc fait appel à une collègue de département, l’historienne de l’art et conservatrice Celina Jeffery, à Felicity Tayler, bibliothécaire de gestion des données de recherche à l’Université d’Ottawa, dont les créations et les travaux savants tenus en haute estime dans les cercles d’art contemporain, et à Ming Tiampo, professeure d’histoire de l’art à l’Université Carleton. Ensemble, les quatre femmes ont obtenu en 2022 une subvention de développement Savoir du CRSH pour leur projet intitulé « Canadian BIPOC Artists Rolodex: Towards Decolonizing Canadian Art History ».

Le projet consiste en une base de données Airtable utilisée pour créer un système de consultation numérique à code source libre servant à recueillir, à présenter et à utiliser des renseignements sur les artistes PANDC canadiens, apportant ainsi une contribution essentielle à la décolonisation de la pédagogie et de la recherche dans les beaux-arts. La recherche se déroule en trois étapes itératives. D’abord, une équipe d’assistantes et d’assistants de recherche (AR) écume le Web pour recueillir des renseignements sur des artistes, puis rédige un profil sur chacune et chacun d’entre eux. Les chercheuses se sont efforcées d’embaucher des étudiantes et étudiants PANDC, dont l’AR travaillant actuellement au projet, qui fait son doctorat au Département d’histoire. À elle seule, cette étape permet de multiplier le peu de documentation disponible sur les artistes PANDC et de mentorer la relève PANDC en recherche et en rédaction. Ensuite, l’équipe vérifie les renseignements et communique avec l’artiste pour lui demander si elle ou il veut faire partie de la base de données. Cette autorisation est essentielle, explique Jinny, puisqu’aucun profil d’artiste n’est ajouté sans le consentement de la personne concernée. Enfin, l’équipe demande aux artistes de lui fournir trois images de leur travail et leur offre une rémunération appropriée. La catégorisation des artistes a été dès le départ l’une des grandes préoccupations du projet. Ainsi, son conseil consultatif – composé de 19 historiennes et historiens, conservatrices et conservateurs et artistes qui sont principalement PANDC et viennent de partout au Canada – a décidé que les artistes s’auto-identifieraient, pour éviter de leur imposer une identité et de perpétuer des préjudices coloniaux. Jinny soutient qu’il est important pour les membres de l’équipe de faire ce travail initial, c’est-à-dire d’établir une base de connaissances à propos d’une ou d’un artiste, puis de lui demander d’en vérifier l’exactitude et d’apporter des corrections. On enlève ainsi beaucoup de poids des épaules des artistes.

Jusqu’à maintenant, 54 profils ont été ajoutés à la base de données. Le Rolodex des artistes PANDC canadiens n’est pas encore public, mais l’équipe prévoit l’héberger sur Internet de manière permanente en 2024. L’équipe du projet planche déjà sur 300 autres profils d’artistes visuels contemporains, et selon Jinny, « elle n’a encore fait qu’effleurer la surface ».