Engagez la conversation : rencontre avec la postdoc Amanda van Beinum

Stagiaire postdoctorale (2021-2023)
Centre de droit, politique et éthique de la santé
Faculté de droit, Section de common law
Directrice de recherche : Jennifer Chandler

Titulaire d’un baccalauréat en sciences de la santé et d’une maîtrise en épidémiologie de l’Université d’Ottawa, Amanda van Beinum a renoué avec son alma mater en juin 2022 à titre de boursière postdoctorale du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH). Après avoir ajouté un doctorat en sociologie de l’Université Carleton à son bagage, la chercheuse interdisciplinaire travaille aujourd’hui sous la direction de la professeure Jennifer Chandler, à la Faculté de droit, et se penche sur la dimension sociale et technologique d’un nouveau traitement des troubles psychiatriques : la stimulation cérébrale profonde.  

Se décrivant comme une personne curieuse, créative et consciencieuse, Amanda van Beinum a choisi d’explorer son sujet sous différents angles. Son travail s’inspire largement de ses expériences dans différents cadres d’application et au confluent de diverses disciplines, comme en témoigne l’article qu’elle a récemment cosigné dans La Conversation avec le professeur Sonny Dhanani de l’Université d’Ottawa. Intitulé When is ‘dead’ really dead? What happens after a person ‘flatlines’, l’article traite d’une étude qui s’est attardée sur le décès et son déroulement d’un point de vue médical, tout en analysant son impact social sur les membres de la famille et ses implications sur les politiques des systèmes de dons d’organes.

La chercheuse nous parle de son cheminement universitaire et propose quelques conseils pratiques pour les candidates et candidats au doctorat.

Amanda van Beinum

Parlez-nous un peu de vous. Qu’est-ce qui vous a amenée à devenir chercheuse postdoctorale à l’Université d’Ottawa ?

En tant que chercheuse interdisciplinaire, je m’intéresse tant à la science et à la médecine qu’aux arts, à la philosophie et à la sociologie. Pendant mes études doctorales, j’ai continué de participer aux projets de recherche clinique auxquels j’avais contribué à la maîtrise, y compris à une vaste étude sur le processus entourant le diagnostic du décès en fonction de critères cardiocirculatoires. Un autre de ces projets portait sur l’expérience de médecins pour qui il avait été délicat de constater un décès à partir de critères neurologiques, et un autre, sur l’expérience des familles en lien avec le don d’organes. La professeure Jennifer Chandler participait elle aussi à plusieurs de ces initiatives, et j’ai travaillé à ses côtés à la gestion de projets, à la collecte de données et à la rédaction de manuscrits. Mes études doctorales tiraient à leur fin quand j’ai eu vent qu’elle cherchait à intégrer une dimension de sciences sociales à son nouveau projet interdisciplinaire d’envergure sur la stimulation cérébrale et les dispositifs neuroprothétiques. Ça cadrait parfaitement avec mes compétences et mes intérêts de recherche en technologies dans le milieu de la santé. Le CRSH a accepté ma demande de bourse postdoctorale pour analyser l’expérience des personnes dont les troubles psychiatriques sont traités par neuromodulation.

Parlez-nous de votre recherche. Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?

J’explore actuellement les aspects expérientiels et sociaux de la stimulation cérébrale et des neuroprothèses, des dispositifs médicaux électroniques qui communiquent directement avec le cerveau et le système nerveux d’une personne. Ce travail s’inscrit dans un projet de recherche plus vaste sur le concept de « cerveau hybride » : un cerveau humain auquel viennent s’intégrer des composantes d’intelligence artificielle et machine. Ce que je cherche à déterminer, c’est ce qui incite les gens atteints de dépression, d’un trouble obsessionnel compulsif, d’obésité, de dépendance ou d’autres maladies à opter pour des traitements de stimulation cérébrale. Je veux aussi comprendre l’effet que ceux-ci peuvent avoir sur la façon dont ces personnes se perçoivent, sur leurs relations interpersonnelles et sur leur compréhension de leur problème médical.

Qu’espérez-vous accomplir pendant votre stage à l’Université d’Ottawa?

Je participerai au projet Hybrid Minds : je réaliserai des entretiens avec des sujets, préparerai des manuscrits et contribuerai aux activités d’application des connaissances qui se tiennent dans le cadre de conférences. Je donnerai aussi un cours de mon cru sur l’éthique appliquée dans les humanités médicales, en plus de publier certains éléments de ma thèse et d’un autre projet auquel je continue de participer, celui sur l’expérience des familles en contexte de dons d’organes.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Mes expériences en recherche clinique et en collecte de données au chevet de patientes et de patients m’ont inspirée à incorporer des théories de sociologie médicale à ma thèse. Aujourd’hui, je demeure particulièrement interpellée par les perspectives théoriques nées des études féministes en science et technologie ainsi que des études critiques sur le handicap. Il est important d’apprendre du vécu de celles et ceux qui contribuent à la conception des technologies dans le milieu de la santé et de celles et ceux qui choisissent de les utiliser ou non.

Avez-vous des conseils pour ceux et celles qui sont en train de terminer leur doctorat ?

Continuez d’explorer les questions et les approches qui vous passionnent, même si elles sortent des sentiers battus et malgré les difficultés que cela peut comporter. Dans la mesure du possible, tâchez d’y voir des occasions d’apprendre et de vous améliorer. Et surtout, ne sous-estimez pas l’importance de vous accorder du temps de repos pour refaire le plein d’énergie et d’inspiration.

Avez-vous des publications que vous aimeriez partager avec notre communauté ?

Que lisez-vous en ce moment ?

The Magic Mountain (1924) deThomas Mann, Disability Theory (2008) de Tobin Siebers, et Cities (numéro 12) de The Nib (2022).

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