Les représentations professionnelles de l’enseignement d’une perspective afro-canadienne

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Portrait of student in hallway
Les perspectives de développement de l’enseignement, entre la richesse de l’immigration francophone et les attentes d’insertion.

Elie Ndala, actuellement candidat au doctorat et membre fondateur du Groupe d’action contre le racisme antinoirEs (GACRAN) et de laRevue Voix Amplifiées, a choisi de poursuivre ses études en formation à l’enseignement à l'Université de Moncton puis a travaillé comme enseignant dans plusieurs écoles du Nouveau-Brunswick. Son expérience de l'enseignement l'a amené à faire des études supérieures à l'Université d'Ottawa où il a obtenu une maîtrise à la Faculté d'éducation. Ndala s'est ensuite inscrit au programme de doctorat sous la supervision de la professeure Phyllis Dalley pour effectuer des recherches sur les représentations professionnelles de l’enseignement d’une perspective afro-canadienne.

Ayant grandi en contexte canadien, Ndala déclare avoir « une curiosité naturelle et un désir croissant de développer une expertise en matière d'inclusion compte tenu de l'augmentation de la diversité ethnoculturelle » raison qui l’ont amené à entreprendre des études supérieures en premier lieu. 

Sa recherche porte surla légitimité de la différence qu'incarne le personnel enseignant, issu de l’immigration, dans un milieu scolaire en contexte francophone minoritaire en s’appuyant sur la théorie critique de la race (Delgado et Stefancic, 2017) et le concept d’habitus (Bourdieu, 1980; Perrenoud, 1994). En particulier, sur la description du processus d'appropriation (ou non) d'un habitus professionnel attendu au sein de l’école, sur l’identification des dynamiques internes qui affectent le savoir-agir et savoir-être afro-canadien et la compréhension des barrières systémiques qui peuvent être en place au sein de l'école et de la culture scolaire.

L’immigration francophone : diversité et croissance de l’éducation en contexte francophone minoritaire.

Dans sa proposition de thèse, Ndala décrit l'immigration francophone comme « une stratégie centrale pour maintenir le poids sociodémographique des communautés francophones et acadiennes à travers le pays (Gouvernement du Canada, 2018). Cet accueil signifie une augmentation de la diversité ethnique et culturelle dans des espaces francophones historiquement homogènes, d'autant plus que l’Afrique subsaharienne (noire) devient progressivement le plus grand bassin de locuteurs francophones (Marcoux et al., 2022). Le collectivisme basé sur des similitudes généalogiques et culturelles a donc à faire place à un nouveau modèle ayant la valeur linguistique comme critère d’inclusion (Sall et al., 2022), et ce, en s’éloignant d’un statu quo (Dalley et Tcheumtchoua, 2022). »

Il avance que malgré « la diversité croissante au sein de ces communautés, dans les écoles de langue française et, plus récemment, au baccalauréat en éducation, le nouveau personnel enseignant issu de l’immigration africaine et de minorité visible se heurte à des résistances lors de son insertion en milieu scolaire (Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, 2020; Jacquet, 2020; Dalley, 2020; Sall et al., 2022). Leurs contributions ont certes un impact connu sur la motivation et le sentiment d'appartenance des élèves ayant des référents similaires, mais peu d'études en contexte francophone permettent de comprendre la dynamique et les retombées d'un manque de représentation, surtout en fonction des différences générationnelles (1e, 2e, etc.) (Niyubahwe et al., 2019). Bien que les mouvements sociaux antiracistes aient sensibilisé les Canadiens à l'étendue et à la gravité du racisme à l'égard des personnes noires, le secteur de l'éducation a été appelé à faire davantage pour favoriser un climat réellement inclusif  (Jean-Pierre, 2022). »