Réadaptation, jeunesse et itinérance : la recherche communautaire à l’honneur

Par Université d'Ottawa

Cabinet de la vice-rectrice à la recherche et à l'innovation, CVRRI

Un groupe de personnes scruté par trois mains tenant une loupe.
Comment mieux comprendre les réalités d’une communauté? En travaillant avec elle.

La recherche communautaire repose sur des partenariats étroits entre les chercheuses et chercheurs, les organismes et les communautés concernées. Ensemble, les équipes définissent les priorités et développent les projets. Cette approche valorise la collaboration, l’engagement mutuel et les savoirs issus de l’expérience vécue.

Depuis 2021, Recherche partenariale du Canada remet des prix d’excellence à celles et ceux qui incarnent cette approche de manière exemplaire. Cette année, deux chercheuses et une équipe de l’Université d’Ottawa se sont distinguées. Découvrez comment ces projets, développés avec et pour les communautés, transforment la recherche et les milieux de vie. 

Jennifer O’Neil : offrir un meilleur accès à la réadaptation

Lauréate : Chercheuse émergente en recherche communautaire

Professeure adjointe à l’École des sciences de la réadaptation (Faculté des sciences de la santé), Jennifer O’Neil s’emploie à rendre les soins et services de réadaptation plus accessibles aux communautés mal desservies et en quête d’équité.

Le programme Marche vers le futur, offert en télésanté, permet à des personnes aînées francophones en situation minoritaire de participer à une initiative de prévention des chutes. Il vise à améliorer la force physique, à renforcer l’équilibre et à repérer les facteurs de risque dans le quotidien. Au Canada, une personne aînée sur cinq fait une chute chaque année, un événement qui peut entraîner des douleurs, une perte de confiance, la crainte de sortir, voire un isolement accru. Les participantes et participants regardent des capsules d’information, discutent des risques de chutes à prévenir et font des exercices animés à distance, en groupe ou à domicile.

Le programme a été mis sur pied en 2008 par la professeure Jacinthe Savard et Dominique Cardinal, puis revu par Jennifer O’Neil, en partenariat avec des associations communautaires et centres de santé francophones. Ces organisations ont contribué à former plus de 30 animatrices et animateurs, et à implanter l’initiative dans cinq provinces, rejoignant ainsi plus de 180 personnes aînées. L’équipe de recherche a conçu les outils pédagogiques et mis en place un espace d’échange continu où les animatrices et animateurs, ainsi que les partenaires communautaires et universitaires, mettent en commun leurs expériences et ajustent ensemble le programme. 

Jennifer O'Neil

« L’approche communautaire participative se distingue des approches plus traditionnelles de recherche dans la mesure où les initiatives sont développées directement avec les personnes concernées. »

Jennifer O'Neil

— Professeure adjointe, École des sciences de la réadaptation

Cette approche collaborative franchit désormais les frontières. En effet, Jennifer O’Neil soutient une initiative de recherche participative menée en Ouganda par l’organisme local Kadupedi, en partenariat avec l’ONG canadienne CanUgan. Le projet est développé avec des personnes en situation de handicap pour définir les priorités en matière de services de réadaptation. En juin 2024, la professeure O’Neil a participé à une visite sur le terrain pour faciliter les échanges et apporter un appui méthodologique, notamment en vue d’adapter les exercices, de soutenir la formation sur les aides à la mobilité et de renforcer les capacités des familles et des intervenantes et intervenants locaux. 

Un groupe de personne réuni dehors.
La professeure Jennifer O’Neil a assisté à une réunion de la communauté de Maliba en juin 2024.

Tanya Halsall : créer des milieux de vie plus sains pour les jeunes

Mention spéciale : Chercheuse émergente en recherche communautaire

Professeure adjointe à l’École d’épidémiologie et de santé publique (Faculté de médecine), Tanya Halsall mène des recherches participatives qui placent les jeunes au cœur de la démarche.  

Elle contribue à l’implantation au Canada de l’Icelandic Prevention Model, une approche de prévention des dépendances fondée sur la mobilisation des jeunes et de leurs milieux. Elle contribue également au développement des services intégrés, en santé mentale, en éducation et en accompagnement, conçus en collaboration avec les jeunes et leurs familles. 

Tanya Halsall

« En assurant la participation active des jeunes et des partenaires communautaires à chaque étape, nous faisons en sorte que la recherche serve d’abord à répondre aux besoins concrets du terrain. »

Tanya Halsall

— Professeure adjointe, École d’épidémiologie et de santé publique

Par son approche inclusive, la chercheuse Tanya Halsall contribue à créer des environnements plus ouverts et plus favorables au bien-être des jeunes – que ce soit dans les écoles ou dans les environnements numériques. 

Le système DASH : outiller les décisionnaires en matière de logement abordable et social

Mention spéciale : Excellence du partenariat de recherche communautaire-universitaire

Le prototype de tableau de bord interactif sur le logement social et l’itinérance DASH (décisions pour le logement abordable/social) a été développé par l’Alliance to End Homelessness Ottawa et une équipe interdisciplinaire de l’Université d’Ottawa, composée de la professeure adjointe Katrine Sauvé-Schenk de l’École des sciences de la réadaptation (Faculté des sciences de la santé), du professeur titulaire John Sylvestre de l’École de psychologie (Faculté des sciences sociales), du professeur titulaire Daniel Amyot de l’École de science informatique et de génie électrique (Faculté de génie) et de la professeure agrégée Lysanne Lessard de l’École de gestion Telfer.  

Conçu avec des personnes ayant une expérience vécue de l’itinérance et des organismes communautaires, DASH vise à intégrer des données de diverses sources pour aider les municipalités à mieux planifier les services et politiques en logement social et abordable. L’outil permettra notamment de visualiser le nombre d’individus et de ménages en attente, leurs besoins en logement, ainsi que la disponibilité des différents types d’unités dans une région donnée. 

Katrine Sauvé-Schenk

« Notre partenariat repose sur un engagement partagé : les décisions sont prises ensemble, et chacune et chacun contribue selon son expertise et son expérience. »

Katrine Sauvé-Schenk

— Professeure adjointe, École des sciences de la réadaptation

La vision à long terme est d’offrir un portrait global du logement abordable et social à l’échelle canadienne, même si le prototype actuel est conçu pour une utilisation communautaire. 

Des recherches qui prennent racine dans la communauté

Ces projets ont mené à des programmes de prévention, à des outils concrets pour planifier les services et à des approches mieux adaptées aux réalités du terrain. Chaque initiative témoigne de ce qu’il est possible d’accomplir quand la recherche est construite avec les communautés.

Les distinctions décernées par Recherche partenariale du Canada soulignent la portée de ce travail collectif. Elles illustrent aussi la ferme volonté de l’Université d’Ottawa de mener des recherches qui ont des retombées concrètes dans les milieux de vie, en misant sur des liens durables et un savoir partagé.