Trouver une solution durable à un enjeu environnemental pressant

Faculté des sciences
Sciences de la Terre et de l’environnement
Étudiants sur le campus, près de la station de train.
Sise à cinq kilomètres au nord de Yellowknife, près du Grand lac des Esclaves et des communautés autochtones de Ndilo et de Dettah, la mine Giant préoccupe beaucoup les scientifiques comme le professeur Tom Al, conscients des dangers socio-environnementaux potentiels des déchets miniers non traités sur les communautés et les écosystèmes environnants.

De 1948 à 2004, plus de sept millions d’onces d’or ont été extraites de la mine Giant. Le procédé de grillage utilisé pour extraire l’or a également produit 237 000 tonnes de trioxyde de diarsenic (As2O3), un sous-produit soluble très toxique. Stockées sous terre, ces matières résiduelles représentent l’un des plus grands enjeux environnementaux du Canada, dont les coûts d’assainissement estimés se chiffrent à un milliard de dollars. Les plans d'assainissement actuels se concentrent sur un système de congélation du sol pour empêcher l'infiltration des eaux souterraines dans les déchets stockés et leur dissolution ultérieure ainsi que la mobilisation de l'arsenic, mais cela nécessitera un fonctionnement et une maintenance permanents. En conséquence, une commission d’évaluation environnementale fédérale a mandaté le Conseil de surveillance de la mine Giant pour trouver une solution sûre et permanente pour gérer les rejets de As2O3. Pour y parvenir, le Conseil de surveillance s’est associé avec les meilleurs chercheurs et chercheuses du pays.

Evelyn Tennant, étudiante en maîtrise, le professeur Tom Al et l’associée de recherche Erika Revesz
Evelyn Tennant, étudiante en maîtrise, le professeur Tom Al et l’associée de recherche Erika Revesz

Un partenariat a récemment été formé entre le professeur Al, le Conseil de surveillance et le réseau TERRE-NET du CRSNG. Doté d’un financement de recherche de 150 000 $ sur trois ans, ce partenariat aura pour but de transformer les déchets d’arsenic en trisulfure de diarsenic (As2S3). Puisqu’elle ne soulève pas les mêmes préoccupations environnementales que la forme oxydée du résidu (As2O3), la forme sulfurée – stable dans un environnement anaérobie et beaucoup moins soluble – pourrait être enfouie profondément dans la mine de manière permanente. L’étudiante à la maîtrise Evelyn Tennant explore actuellement des méthodes pour dissoudre le trioxyde de diarsenic (une première étape cruciale) et caractériser les résidus. Erika Revesz, associée en recherche dans le groupe du professeur Al, teste quant à elle des méthodes permettant de générer du sulfure aqueux à l’aide de soufre élémentaire et de diverses formes de carbone organique. Le professeur Al explique que si du trisulfure de diarsenic (As2S3) peut être produit à partir de la matière résiduelle grâce à une technique déployable à grande échelle, la mine Giant pourrait alors être inondée afin de restaurer les conditions naturelles des eaux souterraines sans risque que le Grand lac des Esclaves, à proximité, soit contaminé par l’arsenic.

Cette occasion de partenariat profitera autant aux Canadiennes et Canadiens qu’au Conseil de surveillance et au groupe de recherche de l’Université d’Ottawa. D’une part, il est essentiel de trouver une solution permanente pour éviter de léguer aux générations futures les risques de contamination et les coûts qui y sont associés. Le partenariat de recherche vise justement à créer une forme d’arsenic stable qui pourra être isolée de manière sécuritaire, profondément dans la mine, sans effort d’entretien requis à long terme, une solution qualifiée de « définitive » par le principal intéressé. D’autre part, puisque le Conseil de surveillance n’est pas un organisme de recherche, son mandat de recherche ne peut être réalisé que par l’intermédiaire de partenariats comme celui qui a été formé avec l’Université d’Ottawa, ce qui représente une occasion extrêmement intéressante pour le professeur Al et son équipe. « Ça fait 20 ans qu’on étudie la mine Giant », explique-t-il, « alors nous sommes heureux de participer aux efforts pour trouver une solution définitive. Si tout se passe bien, notre projet portera ses fruits et apportera des avantages sociaux et environnementaux à long terme à la région de Yellowknife, ainsi qu’une attention favorable à l'Université d'Ottawa. »

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