Membres de l’Association étudiante autochtone (AÉA) de l’Université d’Ottawa
Membres de l’Association étudiante autochtone de l’Université d’Ottawa au Gala de fin d’année 2024-2025, organisé par le Centre de ressources autochtones au Centre national des Arts.
Quand Tiffany Angel Dunphy, Wolastoqiyik de la Première Nation Malécite du Madawaska, anticipe sa vie à l’Université d’Ottawa, elle s’imagine un espace où ses identités – autochtone, francophone, bilingue – pourront coexister, s’épanouir, prendre racine. La réalité la frappe autrement : elle vit sa première année à distance, dans l’isolement imposé par la pandémie. Loin du campus, loin des autres. À son arrivée en personne pour sa deuxième année, tout change. Elle découvre le Centre de ressources autochtones Mashkawazìwogamig et y trouve un espace d’écoute, de solidarité, d’appartenance.

 Le Centre de ressources autochtones Mashkawazìwogamig : un lieu d’appartenance et de transmission

Au fil des semaines, Tiffany fréquente le Centre et en fait en quelque sorte un second chez-soi. De nature plutôt réservée, elle se laisse gagner par l’ambiance chaleureuse. Là, on parle, on étudie, on rit, on apprend. Inspirée par le climat d’échange et de collaboration du Centre, elle devient mentore. Elle anime des séances d’étude, recense l’information sur les bourses offertes et apaise les inquiétudes des nouvelles et nouveaux venus. Dans ce rôle si essentiel, elle accompagne d’autres étudiantes et étudiants autochtones, comme d’autres l’ont accompagnée à ses débuts. « Ce n’était pas juste moi qui expliquais. C’était collaboratif », dit-elle. Le Centre devient alors un lieu où elle peut exister pleinement, sans avoir à justifier son identité, et où les liens se tissent naturellement. 

Dans cet espace sécuritaire, elle découvre aussi une forme d’acceptation rare.

Tiffany Angel Dunphy, Wolastoqiyik
Tiffany Angel Dunphy, Wolastoqiyik de la Première Nation Malécite du Madawaska
uograd 2025

« Au Centre de ressources autochtones, on pouvait juste exister. On ne se questionnait pas, on n’avait pas à prouver qui on était. »

Tiffany Angel Dunphy

— Diplômée en sciences de la santé (2025)

Tiffany Angel Dunphy, Wolastoqiyik de la Première Nation Malécite du Madawaska

Un moment reste gravé dans sa mémoire : la première fois qu’on lui offre une paire de boucles d’oreilles perlées, symbole discret mais fort de son inclusion dans la communauté. « Ça m’a beaucoup touchée », soutient-elle.

Le Centre lui permet de trouver la communauté universitaire qu’elle s’était imaginée et des amitiés appelées à durer.

Au service de la communauté étudiante francophone

Son implication ne se limite pas au Centre. Tiffany s’investit aussi dans l’Association étudiante autochtone, d’abord comme simple membre, puis comme vice-présidente à la francophonie. Un poste qu’elle occupe avec sérieux, même si les francophones n’y sont pas nombreux. « On était peut-être cinq ayant le français comme langue maternelle dans l’Association », se souvient-elle. Elle se charge de la traduction des messages, participe à la réécriture de la constitution, et prend part aux discussions internes avec calme et détermination.

Tiffany veille à ce que la voix des étudiantes et étudiants autochtones francophones soit entendue. Une façon pour elle de créer des ponts entre les langues, les expériences et les besoins.

Une présence autochtone à l’échelle du campus

Tiffany trouve au Centre et dans l’Association la présence autochtone qu’elle recherche, mais elle la retrouve aussi à l’échelle du campus : dimension autochtone de plus en plus abordée en classe, murales d’artistes autochtones, jardins de médecines traditionnelles, événements de commémoration du 30 septembre, dialogue trimestriel de l’Association avec la direction de l’Université, etc. Des gestes concrets qui, à ses yeux, marquent une évolution importante vers l’autochtonisation du campus. « L’Université semble vraiment vouloir changer, apporter plus de perspectives autochtones. »

En route vers une médecine sensible aux réalités autochtones

Récemment diplômée en sciences de la santé, Tiffany s’apprête aujourd’hui à entamer des études en médecine à l’Université d’Ottawa, dans le volet autochtone du programme. Quand elle se projette dans l’avenir, elle se voit bien pratiquer une médecine sensible aux réalités autochtones, ancrée dans l’écoute et la compréhension.

Elle avance désormais avec confiance, forte des liens et des amitiés qu’elle a tissés et des expériences formatrices qu’elle a vécues. Pour elle, la suite n’est pas un nouveau départ, mais la continuité d’un engagement.