Le Centre de ressources autochtones Mashkawazìwogamig : un lieu d’appartenance et de transmission
Au fil des semaines, Tiffany fréquente le Centre et en fait en quelque sorte un second chez-soi. De nature plutôt réservée, elle se laisse gagner par l’ambiance chaleureuse. Là, on parle, on étudie, on rit, on apprend. Inspirée par le climat d’échange et de collaboration du Centre, elle devient mentore. Elle anime des séances d’étude, recense l’information sur les bourses offertes et apaise les inquiétudes des nouvelles et nouveaux venus. Dans ce rôle si essentiel, elle accompagne d’autres étudiantes et étudiants autochtones, comme d’autres l’ont accompagnée à ses débuts. « Ce n’était pas juste moi qui expliquais. C’était collaboratif », dit-elle. Le Centre devient alors un lieu où elle peut exister pleinement, sans avoir à justifier son identité, et où les liens se tissent naturellement.
Dans cet espace sécuritaire, elle découvre aussi une forme d’acceptation rare.

« Au Centre de ressources autochtones, on pouvait juste exister. On ne se questionnait pas, on n’avait pas à prouver qui on était. »
Tiffany Angel Dunphy
— Diplômée en sciences de la santé (2025)
Un moment reste gravé dans sa mémoire : la première fois qu’on lui offre une paire de boucles d’oreilles perlées, symbole discret mais fort de son inclusion dans la communauté. « Ça m’a beaucoup touchée », soutient-elle.
Le Centre lui permet de trouver la communauté universitaire qu’elle s’était imaginée et des amitiés appelées à durer.
Au service de la communauté étudiante francophone
Son implication ne se limite pas au Centre. Tiffany s’investit aussi dans l’Association étudiante autochtone, d’abord comme simple membre, puis comme vice-présidente à la francophonie. Un poste qu’elle occupe avec sérieux, même si les francophones n’y sont pas nombreux. « On était peut-être cinq ayant le français comme langue maternelle dans l’Association », se souvient-elle. Elle se charge de la traduction des messages, participe à la réécriture de la constitution, et prend part aux discussions internes avec calme et détermination.
Tiffany veille à ce que la voix des étudiantes et étudiants autochtones francophones soit entendue. Une façon pour elle de créer des ponts entre les langues, les expériences et les besoins.
Une présence autochtone à l’échelle du campus
Tiffany trouve au Centre et dans l’Association la présence autochtone qu’elle recherche, mais elle la retrouve aussi à l’échelle du campus : dimension autochtone de plus en plus abordée en classe, murales d’artistes autochtones, jardins de médecines traditionnelles, événements de commémoration du 30 septembre, dialogue trimestriel de l’Association avec la direction de l’Université, etc. Des gestes concrets qui, à ses yeux, marquent une évolution importante vers l’autochtonisation du campus. « L’Université semble vraiment vouloir changer, apporter plus de perspectives autochtones. »
En route vers une médecine sensible aux réalités autochtones
Récemment diplômée en sciences de la santé, Tiffany s’apprête aujourd’hui à entamer des études en médecine à l’Université d’Ottawa, dans le volet autochtone du programme. Quand elle se projette dans l’avenir, elle se voit bien pratiquer une médecine sensible aux réalités autochtones, ancrée dans l’écoute et la compréhension.
Elle avance désormais avec confiance, forte des liens et des amitiés qu’elle a tissés et des expériences formatrices qu’elle a vécues. Pour elle, la suite n’est pas un nouveau départ, mais la continuité d’un engagement.