Cet article est le deuxième d’une série de quatre sur le Plan d’action autochtone 2025-2030. Fruit de l’expérience et de consultations avec la communauté, cette nouvelle mouture du deuxième cerceau précise davantage comment les facultés et départements peuvent faire avancer leurs recherches, leur pédagogie et leurs pratiques universitaires, quel que soit leur point de départ.
Les programmes d’études et la recherche autochtones en évolution
Le deuxième cerceau met l’accent sur la transformation du savoir : il élargit la portée des programmes autochtones, facilite l’accès à la recherche réalisée par les membres des Premiers Peuples et intègre les modes de savoir autochtones à la production, à l’enseignement et à la diffusion des connaissances.
« Auparavant, les facultés nous consultaient et demandaient conseil au cas par cas, tout dépendant d’où elles en étaient dans leur démarche d’autochtonisation, explique Tareyn Johnson. Aujourd’hui, le cerceau offre des exemples et des objectifs plus clairs. Il leur donne un point de départ et de l’inspiration pour poursuivre leur mission, feuille de route en main. »
Le plan propose des moyens concrets d’aller de l’avant, comme l’embauche de professeures et professeurs des Premiers Peuples, l’intégration de leurs systèmes de savoir à même les cours, ou l’acceptation de leurs méthodologies dans les thèses. L’idée consiste à aider chaque faculté à progresser à son propre rythme. Certaines pourraient chercher à refondre certains cours, tandis que d’autres pourraient vouloir créer de tout nouveaux programmes d’études.
Il ne s’agit pas simplement d’ajouter du contenu, souligne la directrice. Il faut aussi repenser la culture universitaire : « Valorisons les traditions intellectuelles autochtones et créons un espace pour qu’elles puissent prospérer à l’Université. »
Développer les programmes d’études et l’apprentissage par l’expérience autochtones
Pour la population étudiante, le deuxième cerceau ouvre de nouvelles possibilités d’apprentissage au contact des systèmes de savoir autochtones, en classe comme au-delà du cadre traditionnel. Il favorise l’intégration de ces contenus non seulement dans les cours au choix ou thématiques, mais bien dans l’ensemble des programmes et des séquences de cours.
À titre d’exemple, la mention autochtone permet de repérer les cours inspirés par ces perspectives pour mieux s’y inscrire. Pour créer un milieu de savoir plus inclusif, on encourage aussi les membres du corps professoral à bâtir leurs cours – et à diriger les thèses – en tenant compte des méthodologies de tradition autochtone.
L’apprentissage expérientiel autochtone gagne également du terrain, offrant ainsi aux étudiantes et étudiants la possibilité d’aller à la rencontre des communautés dans le cadre de stages et de recherches de proximité. Ces expériences immersives jettent un pont entre la théorie et la pratique, tout en établissant des relations fondées sur le respect et la réciprocité.
L’objectif? Préparer une relève universitaire capable de s’y retrouver dans divers systèmes de savoir et de réellement contribuer à la réconciliation et à la décolonisation dans tous les domaines.
Faire avancer la recherche et les protocoles autochtones
Le deuxième cerceau renforce également l’écosystème de recherche autochtone, ancré dans le respect des systèmes de savoir et des protocoles des Premiers Peuples.
« On y fournit des orientations sur notre façon de créer des liens, sur nos protocoles et sur l’intégration de nos priorités à même nos travaux – bref, sur la manière dont nous abordons la recherche », explique la directrice.
Le plan met en relief l’importance des méthodologies de recherche autochtones, de la collecte des données au partage des connaissances, et encourage tout le monde à les utiliser.
Soulignons aussi que l’Institut de recherche et d’études autochtones est en voie de devenir sa propre unité scolaire : un changement qui assoit le rôle décisif de la recherche et de la pédagogie autochtones à l’Université d’Ottawa. En plus de créer un espace pour le leadership autochtone, cette transformation vient appuyer l’autodétermination des chercheuses et chercheurs autochtones au sein de la structure universitaire. Elle établit également les bases d’initiatives à venir, comme la future chaire de recherche sur les systèmes de savoir autochtones.
L’Université sera ainsi en meilleure posture pour appuyer une recherche par et pour les personnes autochtones, à l’image des communautés concernées.
Le deuxième cerceau, un travail qui vient du cœur
L’évolution du deuxième cerceau démontre tout le chemin parcouru par l’Université d’Ottawa. Ce qui pouvait paraître abstrait ou symbolique est devenu tangible, puisqu’on propose des moyens concrets d’agir.
Pour la petite équipe dévouée du Bureau des affaires autochtones, le deuxième cerceau est tout ce qu’il y a de plus personnel. « Pour nous, ce n’est pas une question théorique, insiste Tareyn Johnson. Nous avons une responsabilité envers nos communautés, nos familles. On y voit le reflet de notre identité. »
« Ce travail, il vient du cœur, ajoute-t-elle. On porte le poids de notre communauté et de notre culture. Or, on en porte aussi les espoirs. »