Une nouvelle chaire de recherche dédiée à l’épanouissement numérique des communautés franco-ontariennes

Par Christine L. Cusack

Conseillère intermédiaire, Communications et marketing, Faculté d'éducation uOttawa

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Megan Cotnam-Kappel
Image : Bonnie Findley
La Faculté d’éducation félicite la professeure Megan Cotnam-Kappel, experte des technologies éducatives et de l’éducation en contexte linguistique minoritaire, pour l’obtention de la Chaire de recherche sur l’épanouissement numérique des communautés franco-ontariennes.

Nous vivons dans un monde hyperconnecté où le rythme des progrès technologiques et la montée rapide de l’intelligence artificielle générative chamboulent nos modes de vie. Les risques, comme les possibilités, sont sans précédent.

La nouvelle Chaire de recherche sur l’épanouissement numérique des communautés franco-ontariennes, une initiative du Cabinet du vice-rectorat à la recherche et à l’innovation et du Collège des chaires de recherche sur le monde francophone, se consacrera principalement à l’étude des enjeux propres à l’environnement numérique en contexte minoritaire. 

« L’épanouissement numérique » : un concept nouveau

« L’épanouissement numérique est un nouveau concept et un domaine de recherche émergent », explique la professeure Megan Cotnam-Kappel, nouvelle titulaire de la Chaire. 

« Ce concept va au-delà d’assurer à la population un accès équitable au numérique et dépasse même l’occasion de développer une variété de compétences numériques. Pour les communautés linguistiques en situation minoritaire, l’épanouissement numérique nécessite aussi de cultiver une présence en ligne dynamique qui renforce le pouvoir d’agir de leurs membres et leur renvoie une image authentique. »

La professeure ajoute : « En tant que Franco-Ontarienne engagée, la création de cette Chaire est un appel à l’action. Je suis honorée d’avoir l’occasion de lever le voile sur les inégalités numériques qui touchent de façon disproportionnée les communautés linguistiques en situation minoritaire. Ce rôle est un tremplin pour créer un vaste réseau réunissant le monde de la recherche et de l’enseignement, le corps étudiant et les membres des communautés franco-ontariennes. » 

Combler le fossé numérique pour les communautés francophones

« Nos Chaires de recherche sur le monde francophone ont pour but de stimuler la recherche universitaire menée au sein de la francophonie », affirme Sylvain Charbonneau, vice-recteur à la recherche et à l’innovation à l’Université d’Ottawa.

« Le dévouement dont fait preuve la professeure Cotnam-Kappel pour trouver des solutions aux inégalités numériques qui touchent les groupes parlant des langues minoritaires, particulièrement dans les écoles françaises de l’Ontario, est un élément essentiel de notre engagement à créer des sociétés équitables et à bâtir un environnement numérique qui sert les intérêts de toute la population. »

La professeure travaille depuis plus de dix ans dans le domaine des technologies éducatives appliquées aux communautés de langue minoritaire. On la cite régulièrement dans les médias pour son expertise au sujet des fossés sociaux et numériques creusés par la pandémie, le manque chronique de ressources en français et les promesses des nouvelles technologies.

Ses recherches dans les domaines de la citoyenneté, des littératies et des inégalités numériques mettent en évidence comment les langues majoritaires (principalement l’anglais) dominent les espaces numériques et exacerbent les divisions linguistiques. Cette situation limite les possibilités qui s'offrent aux locuteurs et locutrices de langues minoritaires, entre autres dans les secteurs de l’éducation, de l’emploi et des soins de santé.

Selon la professeure Cotnam-Kappel, « les jeunes sont particulièrement touchés par ces disparités et utilisent souvent l’anglais pour leurs activités en ligne au détriment du français ».

Devant l’émergence de l’IA, qui est développée principalement à l’aide de données en anglais, la professeure s’inquiète de l’inexactitude possible du contenu destiné aux communautés de langue minoritaire ou de l’information qui est véhiculée à leur sujet. Malgré tout, cette puissante technologie permet aussi d’apporter aux communautés ontariennes des occasions pour développer des ressources en français pour leurs contextes, ce qui peut donner les outils nécessaires aux jeunes pour s’élever contre la désinformation en ligne ou faciliter la formation du corps enseignant sur l’utilisation éthique de l’IA en classe.

Jonathan Paquette, directeur du Collège des chaires de recherche sur le monde francophone dit « l’avenir de l’éducation francophone en contexte minoritaire est crucial pour l’épanouissement des communautés en Ontario et dans le reste du Canada. Partout, les enjeux éducationnels sont en pleine mutation, dans une francophonie qui se renouvelle rapidement ». 

« Nous nous réjouissons de la création de cette nouvelle chaire au sein du Collège et de l’engagement de la professeure Megan Cotnam-Kappel pour valoriser avec nous la science en français », il ajoute.

Megan Cotnam-Kappel
Francophonie

« En tant que Franco-Ontarienne engagée, la création de cette Chaire est un appel à l’action. Je suis honorée d’avoir l’occasion de lever le voile sur les inégalités numériques... »

Megan Cotnam-Kappel

— Chaire de recherche sur l’épanouissement numérique des communautés franco-ontariennes

Miser sur la recherche transformationnelle en éducation

À titre de titulaire de la Chaire, la professeure Cotnam-Kappel prévoit se concentrer sur les répercussions des inégalités numériques dans les écoles françaises de l’Ontario grâce à des méthodologies collaboratives. Avec son équipe, elle co-développera des formations sur le numérique au edstudiO à l'intention du corps enseignant, afin de répondre à leurs besoins linguistiques et pédagogiques. 

Un autre objectif de la Chaire sera de renforcer les capacités numériques des membres des communautés franco-ontariennes, et des jeunes tout particulièrement, en co-créant des ressources éducatives en libre accès en français.

Ses travaux sont particulièrement pertinents en contexte post-pandémique, au moment où nous repensons les relations entre les écoles, le personnel enseignant, les élèves, la technologie et le monde numérique.

Bien que la professeure s’intéresse d’abord aux communautés franco-ontariennes, elle prévoit établir des liens de collaboration internationale pour faciliter l’échange de points de vue à l’échelle mondiale sur l’épanouissement numérique des communautés linguistiques minoritaires.  

Sa participation en tant que co-chercheuse au projet intitulé « Un laboratoire vivant sur les technologies d’apprentissage innovantes en enseignement supérieur » est justement un exemple de collaboration internationale. L’étude de cinq ans (2024–2029), financée par une subvention de partenariat du Conseil de recherches en sciences humaines, explore le potentiel de technologies d’apprentissage innovantes telles que la réalité étendue, la création et fabrication numérique et l’intelligence artificielle.

Megan Cotnam-Kappel

Megan Cotnam-Kappel est professeure agrégée à la Faculté d’éducation et spécialiste des technologies éducatives et de l’enseignement en langue minoritaire. Elle a reçu 6 millions de dollars en financement de recherche comme chercheuse principale ou co-chercheuse. Ses travaux ont contribué à apporter des changements majeurs aux politiques en matière d’équité, de diversité et d’inclusion du ministère de l’Éducation de l’Ontario et de l’UNESCO, en plus d’influencer les pratiques d’enseignement et d’apprentissage dans les écoles françaises de huit provinces canadiennes. 

Elle est membre de l’équipe de direction du Réseau canadien des écoles ludiques, financé par la Fondation Lego, et elle a récemment été nommée première associée au doyen à la Faculté d’éducation, avec pour mandat spécial la francophonie.

Titulaire d’un doctorat en éducation de l’Université d’Ottawa et de l’Université de Corse Pascal Paoli, elle a aussi effectué des recherches postdoctorales à la Harvard Graduate School of Education. Elle a reçu le Prix de la nouvelle chercheuse ou du nouveau chercheur de la Faculté d’éducation en 2019.