Inégalités sociales et santé cardiovasculaire et neurologique : deux chercheuses en début de carrière reçoivent un prix

Par Université d'Ottawa

Cabinet de la vice-rectrice à la recherche et à l'innovation, CVRRI

Maïka Sondarjee et Jodi Edwards
Maïka Sondarjee, à gauche, et Jodi Edwards, à droite.
La professeure Jodi Edwards s’intéresse à l’intersection entre la santé cardiovasculaire et neurologique et contribue à l’équité en santé. Les travaux de recherche de la professeure Maïka Sondarjee, eux, portent sur les relations internationales, notamment dans l’optique du complexe du sauveur blanc et des questions de genre.

Grâce à leur travail acharné et à leurs contributions dans leurs domaines respectifs, Maïka Sondarjee et Jodi Edwards reçoivent le Prix du chercheur ou de la chercheuse en début de carrière, remis par le Cabinet de la vice-rectrice à la recherche et à l’innovation (CVRRI) de l’Université d’Ottawa. 

Jodi Edwards, Faculté de médecine

Professeure agrégée à l’École d’épidémiologie et de santé publique, Jodi Edwards s’intéresse à la connexion entre le cerveau et le cœur. Ses travaux portent sur l’identification de nouveaux marqueurs cardiaques qui permettraient de prédire le risque d’AVC et de démence. Elle cherche à améliorer la détection précoce des AVC et à créer des outils de dépistage des troubles neurologiques chez la patientèle atteinte d’insuffisance cardiaque. Son projet de recherche donne lieu à de nouveaux savoirs sur lesquels le programme de l’Interconnectome cœur-cerveau peut prendre appui pour trouver des solutions aux problèmes de santé. 

La professeure Edwards est l’une des plus grandes spécialistes de l’utilisation de la stimulation cérébrale non invasive générée par un champ magnétique pour favoriser le rétablissement après un AVC. Elle est également chercheuse principale au sein du réseau national CanStim (Canadian Platform for Trials in Non-Invasive Brain Stimulation). Par le développement et la mise à l’essai de nouveaux algorithmes et outils prédictifs, elle réalise d’importantes percées qui ont des répercussions directes sur les politiques et les pratiques de soins de santé. 

Jodi Edwards

« Ma recherche porte sur l'identification de facteurs de prédiction précoce du risque afin d’élargir la fenêtre de prévention avant l'apparition de problèmes de santé. »

Jodi Edwards

— Professeure agrégée à l’École d’épidémiologie et de santé publique

« Ces travaux me tiennent profondément à cœur parce que la santé du cœur et du cerveau concerne toute la population canadienne, explique-t-elle. Je cherche principalement à cerner les facteurs de prédiction précoce du risque afin de rallonger la période où il est possible d’intervenir à des fins de prévention avant que surviennent les problèmes de santé dans le but d’améliorer la santé du cœur et du cerveau à toutes les étapes de vie des Canadiennes et des Canadiens. » 

Depuis qu’elle a intégré la Faculté de médecine en 2018, la professeure Edwards est un modèle à suivre pour les femmes en sciences, en technologies, en génie et en mathématiques, notamment parce qu’elle priorise les principes d’équité, de diversité, d’inclusion et d’accessibilité (EDIA) dans ses essais cliniques et dans ses recherches. De plus, elle a été nommée chercheuse principale au sein du groupe StrokeCog, une plateforme nationale de formation qui cherche de nouvelles approches de formation sur les essais cliniques relatifs aux AVC – des approches qui tiennent compte des principes d’EDIA à chacune des étapes. Voilà qui apporterait un changement durable dans la conception et la réalisation des essais cliniques au Canada. 

Ses travaux portent également sur l’influence du sexe, du genre et des facteurs sociaux sur la santé. La professeure Edwards s’intéresse aux facteurs de risque de maladies cardiovasculaires chez les femmes – un sujet encore méconnu. Elle veut comprendre les facteurs de risque associés au sexe qui passent inaperçus, comme les troubles liés à l’hypertension artérielle pendant la grossesse. En raison de ce type d’affections, les femmes sont potentiellement plus susceptibles de développer une fibrillation atriale, c’est-à-dire un rythme cardiaque irrégulier qui accroît le risque d’AVC et de complications, de maladies cardiaques et de conséquences négatives pour les mères qui ont subi un AVC. 

Et puisque la santé des femmes est sous-étudiée, elle souligne à gros traits l’importance pour les femmes de militer en faveur de leur propre santé et de s’investir dans la recherche en médecine. À titre de membre du comité de direction du Centre canadien de santé cardiaque pour les femmes, elle est déterminée à améliorer la santé cardiovasculaire des femmes et à réduire les inégalités en matière de santé. 

Présenter au grand public ses travaux et ses découvertes est une priorité pour elle, à preuve ses 72 manuscrits évalués par des pairs qu’elle a publiés et qui ont été cités plus de 4 088 fois. Son engagement se voit également à ses activités de mentorat auprès des étudiantes et étudiants qu’elle dirige et à ses collaborations pancanadiennes. 

Maïka Sondarjee, Faculté des sciences sociales

Professeure à l’École de développement international et mondialisation depuis 2020, Maïka Sondarjee explore les dynamiques de pouvoir sous l’angle des perspectives féministes et décoloniales du développement. Souvent perçu comme un processus visant à améliorer les conditions de vie à l’échelle mondiale, le développement international implique aussi les relations de pouvoir entre les pays.  

Ses recherches s’intéressent à l’intersection des questions d’équité, de diversité et d’inclusion, de genre et de la justice sociale. Ses travaux s’organisent autour de quatre grands thèmes : le fonctionnement des organisations, notamment la Banque mondiale, la façon dont certaines voix sont négligées injustement dans les relations et organisations internationales, les inégalités dans la coopération entre pays, et le concept du sauveur blanc en développement international – une tendance où les initiatives occidentales de développement sont imposées aux populations locales du Sud global sans prendre en compte leurs savoirs et leurs besoins. 

Maïka Sondarjee

« Une fois qu’on a compris le monde et toutes les inégalités qui en découlent, cela nous donne de meilleurs outils pour le rendre meilleur. »

Maïka Sondarjee

— Professeure à l’École de développement international et mondialisation

« Je suis passionnée par cette recherche pour deux raisons. Premièrement, j’essaie de mieux comprendre le monde, dans toute sa complexité. Deuxièmement, une fois qu’on a compris le monde et toutes les inégalités qui en découlent, cela nous donne de meilleurs outils pour le rendre meilleur. »  

Elle s’engage à démocratiser le savoir et à briser les barrières entre le monde académique et le grand public, afin de favoriser des changements sociaux significatifs. Pour y parvenir, elle applique un cadre d’analyse critique aux relations de pouvoir et aux inégalités mondiales. Elle mobilise des méthodologies d’analyse de discours et d’analyse de contenu pour mieux comprendre les dynamiques de coopération internationale et les inégalités raciales et de genre. Avec cinq ouvrages, neuf articles scientifiques et huit chapitres de livres publiés en français et en anglais, elle s’efforce d’optimiser la diffusion des connaissances sur ces enjeux de manière plus accessible et inclusive. 

Très présente dans l’espace public, elle a rédigé plus de 60 articles d’opinion et accordé plus d’une centaine d’entrevues aux médias. Sollicitée par des ministères et des organisations pour analyser des enjeux liés à la race, au genre et au développement, elle partage aussi son expertise sur la scène internationale dans le cadre de conférences et de collaborations. Son engagement envers la transmission du savoir s’exprime également par ses activités de mentorat auprès de la relève étudiante.