Rencontre avec la diplômée Vida Gabriel, une jeune entrepreneure déterminée à relever le défi du captage de carbone

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Avec un de ses pairs diplômés, Sean Wilson, Vida Gabriel a cofondé TerraFixing pour combattre les changements climatiques à l’aide d’une technologie inédite de captage direct du carbone dans l’air.

C’est son professeur de chimie de l’école secondaire qui a inspiré à Vida Gabriel (B.Sc.A. 2017, Ph.D. 2022) la décision de poursuivre ses études en génie chimique. « De la 10e année à la 12e année, mes cours de chimie m’ont captivée. C’était la première fois que je m’enthousiasmais à ce point pour une matière. Tout semblait tomber sous le sens. »  

Cette passion pour le génie chimique et la protection de l’environnement l’ont amenée à lancer sa propre entreprise, TerraFixing, en tandem avec un autre diplômé, Sean Wilson (B.Sc.A. 2013, M.A.Sc. 2016, Ph.D. 2020). Ensemble, ils ont mis au point un procédé de captage direct du carbone dans l’air pour atténuer l’impact des changements climatiques.  

Un choix logique 

Comme elle souhaitait étudier en français, Vida Gabriel a tout naturellement porté son choix sur l’Université d’Ottawa. À sa troisième année, elle a reçu une bourse de recherche d’été pour étudiante de premier cycle dans le cadre d’un projet sur les polymères, qu’elle a mené aux côtés de Marc Dubé et d’autres étudiantes et étudiants des cycles supérieurs. « J’ai eu beaucoup de chance de décrocher ce poste au laboratoire [celui de Marc Dubé]. Cet été-là, j’ai eu droit à un avant-goût du milieu de la recherche et j’ai obtenu d’assez bons résultats. Assez bons pour que ces travaux soient publiés dès le début de ma maîtrise. » 

Vida Gabriel a toujours voulu faire des études aux cycles supérieurs, mais cette ambition lui semblait irréaliste. « Pendant mon baccalauréat, je me demandais si j’aurais le courage de me lancer à la maîtrise ou au doctorat. » Comme les groupes étaient peu nombreux dans le programme de génie chimique en français, elle a pu nouer des liens étroits avec les membres du corps professoral. Sous la direction de Marc Dubé, elle a même fini par commencer une maîtrise avant de passer directement au doctorat. 

Se coaliser pour contrer le problème du carbone 

Dans le cadre de son doctorat, Vida Gabriel a orienté ses recherches sur les procédés durables de réaction de polymérisation, puis sur la biodégradation des polymères. C’est au cours de cette période qu’elle a croisé le chemin de Sean Wilson, un candidat au doctorat spécialisé dans la séparation des gaz par adsorption, et les deux se sont liés d’amitié lors des activités de la Chemical and Biological Engineering Graduate Student Association (CBGSA).  

Au cours d’une discussion, la doctorante en est venue à un constat : les organismes biologiques responsables de la dégradation des plastiques « exhalent » du dioxyde de carbone. Par conséquent, même si les polymères ne sont plus acheminés vers les décharges, ils continuent de contribuer aux émissions atmosphériques. Elle a alors compris que le captage direct du carbone dans l’air serait plus salutaire à long terme pour la planète.  

Forte de ce constat, elle a décidé d’unir ses forces avec Sean Wilson. Elle n’avait jamais envisagé sérieusement de se lancer en affaires, mais il était évident que le duo devait créer son entreprise. « TerraFixing est venue à moi, pour ainsi dire. Je ne me suis pas réveillée un matin avec l’envie de devenir entrepreneure. J’ai avant tout entrevu des lacunes et des possibilités, accompagnées d’un sentiment de responsabilité : il fallait tirer parti de notre innovation technologique pour combattre le problème mondial du dioxyde de carbone. » 

Vida Gabriel
Communauté diplômée

« ...J’ai avant tout entrevu des lacunes et des possibilités, accompagnées d’un sentiment de responsabilité : il fallait tirer parti de notre innovation technologique pour combattre le problème mondial... »

Vida Gabriel

— B.Sc.A. 2017, Ph.D. 2022 (génie chimique)

Une technologie d’exception : le captage direct du carbone dans l’air  

Constituée en société en 2020, TerraFixing a mis au point une technologie abordable et évolutive pour combattre le réchauffement climatique. Pour ce faire, elle capte le dioxyde de carbone, un composé qui contribue activement aux changements climatiques, directement dans l’air, puis le séquestre de façon permanente dans le sol.   

Alors que les autres technologies de capture directe dans l’air (CDA) ne fonctionnent que par temps doux, celle de TerraFixing peut survivre et même exceller par temps froid. Au moyen de cristaux de zéolithe, un super matériau dont la surface fait plus de 800 m2/g, elle attire le CO2 qu’elle extrait ensuite de l’air. Le taux d’adsorption augmente par temps froid, ce qui fait du Canada un endroit idéal pour ce procédé.  

Le caractère exceptionnel des technologies de CDA tient à leur capacité à cibler les émissions de carbone du passé en dissociant l’étape du captage des sources d’émission. TerraFixing installera bientôt un prototype de grande taille à Fermont, au Québec, où elle a accès à de l’énergie renouvelable et à un partenaire de séquestration qui connaît bien les techniques de forage et de séquestration du CO2 par pompage souterrain.  

La technologie sans pareil qu’a mise au point cette jeune entreprise en croissance lui a valu de figurer parmi les 60 premiers finalistes des Milestone Awards de X-PRIZE, un concours mondial offrant 100 millions de dollars en prix aux entreprises qui créeront une solution novatrice de captage du carbone d’ici 2025. TerraFixing a également attiré des investissements privés, en plus d’écouler en prévente des crédits carbone totalisant plus de 200 000 dollars à ce jour, ce qui démontre un réel appétit du marché pour sa solution inédite de CDA. 

Vida working on the prototype
Vida travaille sur le prototype

Des liens toujours forts avec l’Université 

Bien qu’elle soit maintenant diplômée, Vida Gabriel estime qu’elle n’a jamais vraiment quitté l’Université. Récemment, elle a pris part à une discussion sur la durabilité avec le doyen de la Faculté de génie et d’autres diplômées et diplômés, et c’est elle qui a animé le dernier événement Innovations uOttawa sur les changements climatiques, tenu en mai.