Diplômée de l’Université de Montréal, titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat de Harvard, puis professeure, chercheuse et, enfin, doyenne de la Faculté de droit (Section de droit civil) depuis 2019, elle possède un parcours universitaire remarquable, entre enracinement local et rayonnement international. À l’Université d’Ottawa, où elle enseigne depuis près de vingt ans, elle a trouvé un lieu d’engagement durable, une communauté qu’elle connaît intimement et qu’elle souhaite mobiliser pour relever les défis de demain.
Elle entend aujourd’hui y exercer un leadership inspirant et une gouvernance ouverte, inclusive et transparente.
Une université dans la cité, portée par la recherche et le dialogue
Pour Marie-Eve Sylvestre, l’Université doit s’ancrer dans son milieu, établir des conversations avec les gens, les partenaires communautaires et les décideurs des secteurs public et privé, et répondre aux besoins de la collectivité. Elle affirme que cette vocation prend tout son sens dans la recherche qui se fait actuellement à l’Université d’Ottawa et qu’elle décrit comme « exceptionnelle », autant par sa croissance que par sa pertinence. Santé, innovation, intelligence artificielle, justice sociale, environnement : les grands défis de notre époque se trouvent au cœur des projets de recherche menés sur le campus.
Communicatrice née, Marie-Eve Sylvestre souligne que l’intensité de la recherche doit aller de pair avec sa capacité à mobiliser les connaissances. « Notre recherche est ancrée dans les besoins de la communauté, mais elle est parfois méconnue. » Elle souhaite donc que l’Université s’impose comme un acteur incontournable du développement social, économique et culturel de la région.
« Je veux que les gens d’Ottawa se sentent chez eux ici », ajoute-t-elle. Elle imagine un campus vivant, intergénérationnel, où les jeunes rêvent d’étudier, les parents de poursuivre leur apprentissage ou leur développement de carrière, et les aînées et aînés de retourner y partager leur expérience et commencer une nouvelle étape d’apprentissage.
Elle voit l’Université d’Ottawa comme un point de repère : une destination de savoir, mais surtout de transformation collective.
Trois priorités pour faire vivre une vision communautaire et ouverte sur le monde
Consciente des enjeux budgétaires actuels de l’établissement, Marie-Eve Sylvestre veut conjuguer ambition académique et gestion responsable afin d’assurer la viabilité de l’Université. Un établissement tourné vers l’avenir doit s’appuyer sur des bases solides pour poursuivre pleinement sa mission éducative, sociale et scientifique. C’est dans cet esprit qu’elle compte s’impliquer dès le début de son mandat dans trois grands dossiers.
Elle veut d’abord renforcer les liens avec la communauté et compte aller à la rencontre des partenaires, des gouvernements et des communautés pour bâtir des projets à la hauteur de nos ambitions collectives. Soulignant le caractère unique de la capitale – centre décisionnel des politiques publiques, carrefour diplomatique, pôle technologique et lieu culturel dynamique –, Marie-Eve Sylvestre y voit un écosystème propice à enrichir l’expérience universitaire, à stimuler la recherche et l’innovation et à éclairer les grands débats de société.
Deuxième priorité : faire rayonner la francophonie, dans toute sa diversité et sa vitalité. Elle voit la francophonie comme un pilier identitaire et un engagement concret. Elle réitère que l’Université d’Ottawa doit continuer de servir pleinement la population franco-ontarienne et de s’imposer comme un leader de la promotion du savoir et de la recherche en français.Québécoise d’origine, Franco-Ontarienne d’adoption depuis 20 ans, elle incarne elle-même une francophonie bien d’ici et aussi ouverte. Comme professeure, chercheuse, puis doyenne de la Section de droit civil, elle a mené plusieurs projets porteurs – du certificat en droit autochtone en français à la plateforme Jurivision.ca. Pour elle, la francophonie est un moteur d’innovation, d’équité et de collaboration.
Enfin, elle compte soutenir le développement des savoirs et des langues autochtones de manière tangible et durable. Cette priorité, dit-elle, exige respect, écoute et constance. Elle souhaite renforcer les relations existantes avec la Nation algonquine Anishinàbeg, appuyer la recherche autochtone, intégrer les savoirs et les langues dans les programmes et favoriser la représentativité et la présence autochtone au sein du corps professoral et du personnel. « Le plan d’action autochtone propose de belles et ambitieuses idées. L’exonération des frais de scolarité annoncée aura assurément un impact positif. Notre grande collectivité doit continuer de mettre en œuvre ce plan et de le faire intensément. »
À travers ces priorités, elle affiche sa volonté de faire évoluer l’Université en misant sur ses forces vives et en répondant aux besoins de toutes les communautés de la grande région d’Ottawa et au-delà.
Mobiliser une communauté audacieuse
Et dans un an, qu’est-ce qui aura changé? Elle espère que la grande communauté – sur les campus, dans la ville et ailleurs dans le monde – sera portée par le même élan et le même enthousiasme qui l’animent. « J’aimerais que notre université alimente notre désir collectif d’innover, de créer et de répondre aux défis de notre société. » Première femme à occuper cette fonction dans l’histoire de l’Université, elle assume ce rôle avec humilité en pensant à toutes ces femmes de tête qui l’ont inspirée et appuyée au fil de sa carrière.

« J’aimerais que notre université alimente notre désir collectif d’innover, de créer et de répondre aux défis de notre société. »
Marie-Eve Sylvestre
— Prochaine rectrice et vice-chancelière de l'Université d'Ottawa
Celle qui a étudié à l’Université de Montréal et à Harvard sait que les lieux de savoir peuvent ouvrir des trajectoires inattendues, et c’est à présent à son tour de les multiplier pour d’autres. Ce qu’elle propose, c’est un véritable univers de possibilités – un lieu où l’on ose imaginer, créer, bâtir. Ensemble.