Les Archives des femmes de la Bibliothèque : donner de la visibilité aux histoires des femmes

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Archives et collections spéciales
Groupe de femmes, d'hommes et d'enfants portant une banderole "Garderies universelles et gratuites".
Photograph par Nancy Adamson collection CWMA
Les Archives des femmes, conservées aux Archives et collections spéciales de l’Université d’Ottawa, sont une collection de documents personnels, de macarons, de dépliants et d’autres articles documentant la deuxième vague de mouvements féministes qui s’est amorcée dans les années 1960. Les pièces de la collection viennent de plus de 200 personnes et groupes citoyens qui ont milité pour faire progresser la situation politique, sociale et économique des femmes au Canada.

Grâce à de généreux dons, la Bibliothèque de l’Université d’Ottawa a pu embaucher quelqu’un pour mettre en récit les trésors qu’elle recèle. Diplômée de l’Université d’Ottawa et journaliste au quotidien Montreal Gazette, Michelle Lalonde a été ravie d’accepter cette tâche.   

« Cette période n’a pas eu toute l’attention qu’elle mérite ». Jusqu’à maintenant, Mme Lalonde a rédigé trois textes, dont un traite du travail de terrain qui caractérise le mouvement des femmes. Elle a passé beaucoup de temps à lire des documents et à consulter la base de données qui, selon elle, est accessible et bien conçue.  

« Ce qui me frappe le plus, c’est que nous nous sommes fait des idées à propos du féminisme au siècle dernier […]. Nous avons imaginé un mouvement mené par des femmes blanches bien en vue de la classe moyenne, mais il était tellement plus diversifié que ça. Les luttes étaient multiples à l’intérieur même du grand combat, les enjeux d’intersectionnalité figurant au premier plan. »  

Faire entendre les femmes 

Pour écrire ses histoires, Michelle Lalonde a parlé à plusieurs femmes qui ont consacré leur vie à la cause féministe. « Elles ont travaillé à faire avancer la cause sur tellement de fronts en même temps. C’est vraiment impressionnant […]. Ce qui me frappe également, c’est l’incroyable capacité de ces femmes à tisser des réseaux. À une époque où les technologies de réseautage dont nous jouissons actuellement n’existent pas […], c’était toute une tâche d’écrire autant de lettres, de distribuer des tracts ou d’organiser des manifestations, un travail exigeant, mais nécessaire pour mobiliser la population. Il existait une telle solidarité entre elles! Ces femmes savaient comment créer des réseaux et les mobiliser pour faire changer les choses. C’est tellement inspirant! »   

Alors qu’elle écrivait sur les parcours professionnels non traditionnels, Mme Lalonde a eu l’occasion de parler à Monique Frize, première femme à obtenir un diplôme en génie de l’Université d’Ottawa. Celle-ci lui a transmis de sages paroles qui ne peuvent que résonner encore aujourd’hui chez la jeune génération. « Il est tellement important d’écouter ce que ces femmes, ces pionnières, ont à dire. Le contexte est peut-être différent, mais il existe encore des obstacles à la présence des femmes dans les domaines scientifiques et techniques. »  

Le troisième texte de la journaliste présente les nouveaux regards sur la maternité, de l’apparition de la pilule contraceptive à la fin des années 1960 à la revendication du droit à l’avortement, aux garderies publiques, à l’équité salariale, à la rémunération du « travail de mère », et d’autres droits qui mettraient davantage les femmes sur un pied d’égalité par rapport aux hommes.  

Talia Chung, bibliothécaire en chef et vice-provost (gestion des savoirs) de l’Université, souligne que les textes de Michelle Lalonde évoquent un dialogue intergénérationnel. « Ils tissent des liens entre le passé et le présent du mouvement des femmes. »  

Favoriser la collaboration au moyen d’un nouveau portail

En 2019, la Bibliothèque de l’Université d’Ottawa a reçu un don anonyme d’un million de dollars. Outre les services de Michelle Lalonde, cette somme importante a permis l’embauche d’une archiviste ainsi que d’une archiviste numérique, qui sont chargées de traiter les documents destinés à la collection, d’organiser les flux de travail de conservation numérique et de faire rayonner les Archives des femmes.  

Grâce au don, la Bibliothèque a aussi lancé le Portail des mouvements des femmes au Canada, un répertoire pancanadien bilingue des documents d’archives disponibles dans les établissements de conservation du patrimoine partout au pays.  

Hébergé par la Bibliothèque, le Portail aidera les chercheuses et chercheurs à trouver des collections d’archives qui documentent l’évolution du militantisme féministe au Canada depuis les années 1960.

Ce nouvel outil vise à faciliter l’accès aux documents d’archives, à mettre en valeur le patrimoine documentaire et à renforcer la collaboration d’un océan à l’autre. 

Renseignez-vous sur la remarquable initiative des Archives des femmes!