« Au cours des prochaines années, les facultés de droit risquent, selon moi, de traverser une période d’expérimentation, combinant une ouverture à l’innovation au plan des méthodes et des réflexions plus poussées sur la nature de la discipline et le rôle spécifique des professeurs et chercheurs en droit. »

Sur quoi êtes-vous en train de travailler? Sur quelles idées, quels projets de recherche? Sur quoi porte votre recherche?

Actuellement, je m’intéresse surtout à l’avenir des professions juridiques – avocats et notaires – au Québec et au Canada. L’industrie des services juridiques est en pleine mutation, et nous comprenons assez mal ces changements ainsi que ce qu’ils impliquent pour les professionnels qui sont actuellement sur le marché ou les gens qui se préparent à y entrer. Selon moi, il est très important que les facultés de droit et les professeurs soient bien au fait de ces évolutions et des défis qu’elles représentent pour les gens que nous formons. Même si une formation en droit ne vise pas seulement à former des professionnels du droit – d’ailleurs, plusieurs de nos diplômés ne se destinent pas à la pratique ou la quitteront éventuellement – il faut néanmoins s’assurer de leur offrir une formation pertinente et une image réaliste de ce qui les attend.

Quel est le volet de votre recherche que vous préférez?

Le travail de terrain est l’étape la plus exigeante, mais aussi la plus intéressante de mon travail. J’aime avoir l’occasion de parler avec les gens et de découvrir leur réalité ! C’est d’ailleurs la meilleure façon de développer de nouvelles questions de recherche pertinentes. Je suis très heureuse lorsqu’on me dit que j’ai réussi à bien saisir et décrire la situation des gens que j’ai rencontrés, ou que je pose de bonnes questions !

Julie Paquin

Par rapport à votre recherche, quelle serait la question que vous aimeriez vous faire poser? Par qui?

Je suis quelqu’un qui préfère poser des questions que s’en faire poser ! Ce que je ne sais pas m’intéresse plus que ce que je sais…

Quels sont les aspects de votre recherche qui vous ont le plus surprise?

Pour moi, faire de la recherche implique de ne pas savoir ce qu’on va trouver. Une bonne recherche tend à prendre des directions inattendues et à nous éloigner de ce qui nous intéressait au départ, pour souvent nous y ramener par d’autres chemins ! Si je n’étais pas constamment surprise par ce que je découvre, je crois que j’arrêterais simplement de faire de la recherche.

Quel serait le texte que vous avez produit que vous recommanderiez comme première lecture à quelqu’un qui ne connaît pas encore vos travaux?

Mes travaux portent sur une panoplie de sujets différents et font appel à des approches diverses. Il est donc impossible d’identifier un seul texte qui représenterait l’ensemble de mon travail ! Je recommanderais donc à cette personne de choisir un texte sur un sujet qui pique sa curiosité !

Comment voyez-vous l’évolution du monde de la recherche dans les facultés de droit?

Je pense que la recherche en droit va subir de grandes transformations dans les prochaines années.  Le modèle de la recherche doctrinale – qui met l’accent sur la description de l’état du droit et l’exhaustivité – est sous pression depuis plusieurs années en raison notamment de la multiplication des sources disponibles et de l’accent mis sur l’interdisciplinarité. Ce modèle risque d’être grandement remis en question avec l’émergence de nouveaux outils de recherche juridique de plus en plus performants. Par contre, les professeurs de droit demeurent très mal équipés pour dépasser ce modèle… Au cours des prochaines années, les facultés de droit risquent, selon moi, de traverser une période d’expérimentation, combinant une ouverture à l’innovation au plan des méthodes et des réflexions plus poussées sur la nature de la discipline et le rôle spécifique des professeurs et chercheurs en droit. En tous cas, c’est ce que j’espère !