Synthèse des dicussions du Comité de la recherche élargi :
Occasion de partage sur les impacts de la COVID-19 sur la recherche à la Faculté des sciences sociales

Le Cabinet du vice-recteur à la recherche a créé un Comité de travail sur la reprise de la recherche, dénommé COVID-19 – Comité de travail sur la reprise de la recherche. Présidé par le vice-recteur associé, soutien à la recherche et infrastructure et composé de vice-doyens à la recherche, il assure une représentation des arts, des sciences sociales et humaines, ainsi que des sciences pures et appliquées. 

Afin de bien représenter les besoins et difficultés vécues par les chercheuses et chercheurs de la FSS, le vice-doyen à la recherche a rassemblé ses collègues du Comité de la recherche le 27 mai 2020. Cette rencontre spéciale a accueilli des invités spéciaux qui ont dirigé la discussion de la recherche sous COVID-19 : Margarida Garcia (Vice-doyenne à la recherche et aux communications, Faculté de Droit – Section de Droit civil), Caroline Hyslop (Bibliothécaire associée, Services de recherche) et Marc Dubé (Vice-doyen à la recherche, Faculté de génie).

Les membres du comité furent invités à réfléchir et se prononcer sur les questions suivantes, formulées par le Comité de travail sur la reprise de la recherche :

  • Quels sont les impacts de la situation actuelle sur votre recherche (impacts négatifs et/ou positifs) ?
  • Quelles sont les actions spécifiques qui pourraient nous aider à faire face à ces impacts ?
  • Comment envisagez-vous les rôles de l’Université, le Vice-rectorat à la recherche et la Faculté pour une « reprise de la recherche » lorsque nous retournerons sur le campus ?
  • À part les programmes existants liés à COVID-19, quelles opportunités pourriez-vous voir pour des changements dans la façon dont nous menons la recherche sur le campus ?
  • Dans quelle mesure la fermeture de la bibliothèque a-t-elle eu un impact sur vos activités de recherche ?
  • Avez-vous dû surmonter des obstacles spécifiques liés à votre situation personnelle, soit parce que vous appartenez à un groupe désigné au Canada (femmes, autochtones, personnes handicapées et personnes appartenant à une minorité visible au sens de la Loi sur l'équité en matière d'emploi), soit parce que vous avez des responsabilités familiales importantes ?

Voici la synthèse des réactions qui sont ressorties de la discussion.

Impacts négatifs de la pandémie sur la recherche

Interruption forcée de la recherche

  • La recherche en science sociale se fait beaucoup en personne, dans la communauté et à l’international. La fermeture des frontières et l’interdiction de voyager pour faire la recherche sur le terrain ont stoppé les projets en cours. Toute la planification est à repenser, revoir, décaler dans le temps, mais quand pourront-on reprendre?
  • Interdiction d’interactions en personne nécessite un revirement méthodologique très important et difficile pour les sciences sociales et humaines. Adapter les études pour la recherche en ligne n’a pas la même portée et plusieurs études nécessitent un lien de confiance qui est impossible à créer en virtuel. Le recrutement en ligne n’est pas facile.
  • Comment faire face aux coûts non anticipés qui n’étaient pas dans les budgets des projets : logiciels spécialisés pour faire la collecte de données en ligne, augmentations importantes des coûts des vols quand il sera possible de voyager?
  • Le ou les programmes de recherche existants doivent être complètement réorientés, car ils sont impossibles de continuer comme avant la pandémie; dans certains cas, le concept initial de la recherche doit être complètement abandonné.
  • Beaucoup de deuils pour des projets de mémoires ou de thèses qui doivent être abandonnés.
  • Pour certaines recherches, les données ne peuvent être collectées ou les bases de données existantes ne sont pas accessibles, ce qui entraine une perte de l'élan de la recherche.
  • La fermeture des laboratoires et du Centre de données de recherche a stoppé les projets en cours.
  • La fermeture de la bibliothèque a eu un impact important pour l’avancement de la recherche, notamment pour la recherche en français, puisqu’il y a moins de livres en français accessibles en ligne que de livre en anglais. De plus, les titres récents ne sont pas retrouvés en ligne.
  • Virage vers la recherche sur la COVID-19 se fait possiblement trop rapidement; quelle est sa pérennité? Qu’en est-il de l’éthique?
  • L’accès à certains outils de recherche (dans des laboratoires ou espaces physiques hors campus) n’est pas géré par uOttawa.

Obligations familiales

  • Conséquence importante sur la carrière des femmes.
  • Arrêt complet des recherches à cause des obligations familiales, réduction importante des heures de travail et/ou horaires de travail déraisonnables (ex : 20 h à 1 h du matin, pour rattraper son temps).
  • Collègues doivent prioriser certains dossiers et donc en laisser tomber d’autres, tels l’enseignement et la supervision des étudiants gradués qui tentent de compléter leurs études.
  • Retrait des collègues des projets de recherche ou de publication à cause d’obligations familiales; les projets doivent donc être repensés ou abandonnés.
  • L’hypothèse que l’on va se remettre à travailler à plein temps en septembre est fausse.
  • Repenser l’idée de postuler pour de gros projets de recherche.

Passage à l’enseignement à distance

  • Beaucoup d’efforts pour le passage rapide à l’enseignement à distance pour la fin de l’année scolaire 2019-2020. La recherche a donc été mise de côté.
  • Préparation additionnelle nécessaire pour la rentrée à l’automne, alors le temps de rédaction ou recherche réservé pendant l’été sera maintenant consacré à la préparation des cours.
  • Les administrateurs ne semblent pas comprendre le montant d’énergie nécessaire à préparer des cours en ligne (4x plus de temps qu’un cours en présentiel).
  • Lacune d’appuis pour monter les cours en ligne (logiciels, financement, appui technique).

Promotion et permanence

  • La situation actuelle a un impact significatif sur les dossiers de promotion et permanence. L’institution doit en tenir compte lors de l'évaluation des dossiers.
  • Répercussions des impacts actuels seront ressentis pendant longtemps, pas seulement au courant de cette année.
  • Crainte de reproches plus tard quant au bas taux de publications.
  • Est-ce que 2020 devrait être considérée comme une page blanche?
  • Le CRSH ne permet pas plus d’un chercheur principal par projet.

Lenteurs des processus administratifs

  • Lenteur du service des finances (paiements, remboursements) affecte le fonctionnement des projets de recherche.
  • Obstacles au bureau d’éthique : délais trop longs, processus trop lourds, ne tient pas compte des approbations d’autres universités.

Manque de leadership de l’institution

  • L’institution n’a pas une vision globale de la recherche et une compréhension des enjeux pour la recherche en sciences sociales et humaines.
  • L’institution devrait être proactive auprès des conseils subventionnaires pour demander des extensions pour tous les projets de recherche, et non seulement ceux qui terminent cette année.
  • Les attentes de l’université ne sont pas réalistes : excellence en recherche, variété de cours de qualité ET bonne santé mentale?
  • Difficulté à trouver les réponses aux questions par rapport aux règles et interdictions (ex. : voyages).
  • Plusieurs décisions prises en fonction du retour en septembre, sans savoir ce qui va se passer.
  • L’inconnu cause beaucoup de stress - certains vivent déjà un épuisement, comment traverser l’été?

Impacts positifs de la pandémie sur la recherche

  • Analyse plus profonde des données déjà collectées.
  • (Pour ceux qui n’ont pas d’obligations) plus de temps d’écriture.
  • La situation force à apprendre de nouveaux outils et donc découvrir des nouvelles technologies.
  • Excellent service des bibliothécaires auprès des étudiants pour la formation sur les outils.
  • Relancer la recherche suppose que l’on retourne comme avant; pourquoi ne pas se servir de cette crise pour adopter une nouvelle façon de travailler, de nouvelles pratiques? Ex : qualité plutôt que quantité, plus de lenteur et profondeurs dans nos réflexions.
  • Adaptations ont mené à de nouvelles collaborations ou au maintien des collaborations actuelles et des afflux de ressources financières externes.

Solutions et appuis possibles

  • S’assurer d’écouter les chercheuses et chercheurs pour connaître leurs besoins.
  • Ce sont les chercheurs qui vont déterminer quand et comment relancer leurs recherches; l’institution doit les appuyer.
  • Éviter de donner la priorité aux sciences dures.
  • Offrir des procédures claires et faciles à comprendre pour le retour en présentiel au sujet de la distanciation, nettoyage, équipement de protection individuelle, etc.
  • Extension de la date de fin de tous les projets de recherche (trois-conseils, financement internes, contrats, etc.).
  • Réserver les camps d’été à uOttawa pour les enfants des employés.
  • Réserver des fonds internes pour les recherches sur la COVID-19; nous avons une responsabilité sociale de documenter ce qui se passe.
  • Créer un lieu de recherche interdisciplinaire en lien avec la COVID-19.
  • Repenser les concours de financement facultaires et de dégrèvement en privilégiant les personnes qui ont connu un ralentissement important de leur recherche (femmes/aidants).
  • Offrir des assistanats à la recherche aux femmes/aidants pour leur permettre de continuer leurs recherches et leur rédaction.
  • Organiser des activités facultaires en ligne pour briser l’isolation et permettre les échanges entre collègues.
  • Offrir des ateliers sur l’organisation de conférences en ligne.
  • Donner un accès plus direct aux ressources (ex : TI – lien direct à un technicien au lieu du formulaire de demande en ligne).
  • Offrir de l’appui technique pour les recherches en lignes.
  • Réduire la charge de cours.
  • Suspendre les concours de prix.
  • Communiquer plus clairement et de manière plus rassurante avec les chercheurs.
  • Investir davantage dans des coordonnateurs et coordonnatrices de recherche pour favoriser la production savante.
  • Permettre plus de souplesse dans l’enseignement afin de pouvoir collaborer entre profs pour équilibrer la charge de cours par semestre (ex : s’entendre pour enseigner 4 cours/semestre chacun et ainsi se libérer un semestre à consacrer à la recherche).
  • Fournir un appui financier pour l’équipement nécessaire au travail à distance.
  • Ouvrir les laboratoires aussitôt que possible.
  • Autoriser l’accès aux logiciels en dehors des laboratoires et accorder un accès prioritaire aux étudiants pour terminer leur thèse.
  • Fournir un appui technique soutenu pour webinaires et conférences virtuelles à venir, comme ce qui serait offert lors d’une conférence en présentiel.
  • Développer un guide sur les technologies de recherche.
  • Augmenter la capacité de communications au niveau du vice-décanat.
  • Développer une politique sur le télétravail, pour la situation actuelle et pour le futur.
  • Adapter l’équipement informatique pour favoriser le travail à distance.
  • Mieux gérer la correspondance format papier (poste).

Vous pouvez également consulter le rapport de Marc Dubé, Margarida Garcia et Caroline Hyslop : COVID et recherche : défis et recommandations (pdf, 122,76 Ko)