Dans ce contexte, en septembre 2018, des réflexions s’amorcent au sein de l’École de service social (ÉSS) afin d’autochtoniser et décoloniser ses structures et programmes. La démarche initiée repose en bonne partie sur le besoin d’admettre les torts causés par l’hégémonie eurocentrée de la formation universitaire et de la pratique du travail social. Elle s’inscrit dans la nécessité de reconnaître et d’inclure les traités, la résurgence culturelle et les savoirs traditionnels autochtones, de respecter les visions autochtones du monde et de mettre en évidence les compétences liées au territoire, tant dans l’enseignement à l’ÉSS, que dans la recherche et l’intervention.
En décembre 2018, une première rencontre a lieu, regroupant des membres anishinabeg-algonquins de la communauté de Kitigan Zibi, ainsi que la direction, des professeur.es et une coordonnatrice des stages et de la formation pratique de l’École de service social.
Un Cercle de concertation, composé d’acteurs.trices autochtones et d’allié.es non-autochtones, voit alors le jour. Après des discussions avec une personne qui parle couramment l’Anishinaabemowin à Kitigan Zibi, Gilbert W. Whiteduck propose le nom Kinistòtàdimin pour le Cercle, ce qui signifie ‘on se comprend’. Ce nom communique une aspiration: s’efforcer de mieux se comprendre les uns les autres. Il communique aussi une responsabilité : de toujours travailler à une meilleure compréhension, et dans un esprit de compréhension.
Tous les membres de ce Cercle sont animés par le devoir de faire mieux, de réfléchir aux vecteurs de changements à préconiser, et d’agir pour une plus grande reconnaissance des savoirs et des pratiques autochtones en matière d’éducation, de formation et d’intervention sociale. Au départ, les échanges ont moins porté sur une logique de transformation des programmes qui avait été mise de l’avant par l’ÉSS, que sur le développement des relations avec les représentant.es autochtones du Cercle. L’essentiel des premières rencontres s’est donc déroulé sous forme de dialogues informels et d’échanges conviviaux liés aux histoires personnelles et professionnelles de chacun.e. Par la suite, un plan stratégique composé de 10 axes d’action a pris forme et a orienté les étapes de mise en œuvre de divers projets.
Depuis, les liens de réciprocité et les rapports de confiance continuent de se définir, de s’enraciner, non pas dans une perspective linéaire, mais bien dans un processus itératif et circulaire qui nécessite des remises en question, un dialogue de respect et d’ouverture, des faux pas, de l’écoute, des recommencements et de la bienveillance.
Les rencontres du Cercle ont lieu une fois par mois.