
Diplômé.e.s et professeur.e.s ayant été Auxiliaires juridiques de la Cour suprême du Canada
Lisez leurs histoires sur leur stage d'auxiliaire juridique
John Manley (LL.B. 1976, DU 1998)
Auxiliaire juridique en 1976-77 avec le juge en chef Bora Laskin
Quel est le plus précieux souvenir que vous gardez de cette expérience?
À cette époque, chaque juge n’avait qu’un ou une auxiliaire. C’était très intimidant, mais ça m’a permis d’avoir beaucoup de temps en tête à tête avec lui presque tous les jours.
Le juge en chef commentait rarement le travail de ses auxiliaires, fait que j’ai confirmé auprès de la personne à qui j’ai succédé. J’ai donc été très surpris un jour quand il a parlé de « l’excellente recherche » que j’avais faite sur une affaire.
Quelle influence ce stage a-t-il eue sur votre carrière et votre vie personnelle?
Au fil de mes carrières, j’ai côtoyé des chefs d’État et des gens de la royauté, mais personne ne m’a jamais autant intimidé que M. Bora Laskin. Assis à son bureau, il me paraissait aussi imposant que Lincoln sur son monument!
Parlez-nous de votre parcours professionnel.
J’ai fait carrière dans cinq domaines différents.
D’abord, j’ai été avocat pour le cabinet Perley-Robertson, Panet, Hill et McDougall à Ottawa, principalement en droit des affaires et en droit fiscal. Plus tard, je suis revenu au droit au cabinet McCarthy Tetrault. Je suis d’ailleurs toujours conseiller principal pour le cabinet Bennett Jones LLP.
J’ai fait le saut en politique en 1988. Élu comme député d’Ottawa-Sud, j’y suis resté jusqu’en 2004. J’ai fait partie de l’opposition jusqu’en 1993, à l’élection du gouvernement de Jean Chrétien. Pendant les dix années qui ont suivi, j’ai été ministre de l’Industrie, des Affaires étrangères et des Finances, ainsi que vice-premier ministre.
Depuis que j’ai quitté la vie politique, je travaille en gouvernance d’entreprise. J’ai siégé au conseil d’administration de cinq sociétés ouvertes et j’en ai présidé trois (CIBC, CAE et Telus). D’ailleurs, je suis toujours président du conseil d’administration de Telus.
J’ai été président et chef de la direction du Conseil canadien des affaires pendant neuf ans (de 2010 à 2018).
Je suis aussi banquier d’affaires et j’assume la présidence de Jefferies Securities Inc depuis son arrivée au Canada en 2023.
J’ai ADORÉ chaque pan de ma vie professionnelle!

Denis Boivin (LL.B. 1991), Professeur titulaire, Faculté de droit, Section de common law
Auxiliaire juridique entre1991-1992 avec le juge Frank Iacobucci
Quelle influence ce stage a-t-il eue sur votre carrière et votre vie personnelle?
Mon intérêt pour ce domaine a été piqué et j’ai décidé de me concentrer sur le droit privé lors de mes études supérieures à Yale.
Parlez-nous de votre parcours professionnel.
Mon stage à la CSC a été un tremplin pour une carrière universitaire et me voici, 34 ans plus tard, professeur du droit des délits civils et auteur (avec ma collègue Louise Bélanger-Hardy) de l’ouvrage, La responsabilité délictuelle en common law, 2e édition, Thomson Reuters, Toronto, 2023.

Cynthia Westaway (LL.B. 1999), Professeure à temps partiel, Faculté de droit, Section de common law
Auxiliaire juridique en 1998 avec la juge Claire L’Heureux-Dubé
Quel est le plus précieux souvenir que vous gardez de cette expérience?
Tout le dur labeur et les fous rires. Mme L’Heureux-Dubé était brillante et avait un grand sens de l’humour. Elle me fascinait avec ses péripéties sur les pistes de ski alpin, son entraînement quotidien à la piscine de l’hôtel Ramada et ses cours d’aérobie avec la juge Alice Desjardins (de la Cour d’appel fédérale). Je garde aussi de bons souvenirs de ces innombrables heures de discussion de fond avec les autres auxiliaires et des amitiés que j’ai nouées. Mon plus beau souvenir est le sketch de fin d’année que nous avons présenté aux juges. J’avais créé une chorégraphie où chaque auxiliaire interprétait une danse représentant une ou un juge : le tango pour le juge Iacobucci, le Lac des cygnes pour la juge en chef McLachlin, la gigue pour le juge Bastarache, le rodéo pour le juge Major, le charleston pour la juge L’Heureux-Dubé, le soft-shoe pour le juge Cory et le disco avec Staying alive des Bee Gees pour le juge Binnie. (J’ai été ballerine et danseuse contemporaine professionnelle à New York pendant dix ans avant mes études en droit.)
Quelle influence ce stage a-t-il eue sur votre carrière et votre vie personnelle?
Il a changé ma façon de penser, de collaborer et de plaider, et la manière dont j’envisageais l’avenir.
Parlez-nous de votre parcours professionnel.
J’ai quitté la CSC pour le gouvernement du Canada dans le but d’approfondir mon expertise en droit autochtone. Après dix ans dans des groupes de réflexion travaillant sur le contentieux constitutionnel et les litiges en appel fondés sur l’article 35, j’ai fait le saut en gestion. Je suis devenue directrice à la Direction générale du droit commercial, puis directrice générale des Services juridiques au sein d’Affaires mondiales Canada (pendant quatre ans). Ensuite, je me suis replongée dans le droit autochtone au cabinet Gowlings, BLG, puis j’ai dirigé mon propre cabinet Westaway Law Group (pendant 15 ans). J’ai cédé mon entreprise à First Peoples Law (FPL) il y a deux ans. Je prends désormais seulement quelques dossiers pour FPL et j’enseigne à la Section de common law de l’Université d’Ottawa. Je suis conseillère auprès d’Ecojustice pour les questions relatives au droit autochtone et je donne des cours sur la négociation et le contentieux destinés aux praticiens et aux praticiennes. Je travaille actuellement sur un projet de « centre de consultation », où les étudiantes et aux étudiants en droit pourraient offrir bénévolement des services d’aide juridique aux Premières Nations et ainsi accroître l’accès à la justice.

Pascale Fournier, Professeure titulaire, Faculté de droit, Section de droit civil
Auxiliaire juridique en 2000-2001 avec la juge Claire L’Heureux-Dubé
Quel est le plus précieux souvenir que vous gardez de cette expérience?
La complicité avec certaines amies qui étaient clercs et l’audition des causes!
Quelle influence ce stage a-t-il eue sur votre carrière et votre vie personnelle?
Être clerc à la Cour suprême du Canada, c’est faire partie des plus grands secrets : voir le droit de l’intérieur, en plusieurs ébauches qui circulent, et prétendre que la version finale est la seule qui ait existé. Constater, en raison du caractère intime du rôle, que le droit est aussi politique, évolutif, humain. Ce regard intime, interdit, privilégié, presqu’obscène à l’endroit du droit a animé toute ma carrière. J’ai tenté de comprendre, par mes recherches, en quoi le droit positif correspond au pouls du terrain : sa compréhension par les sujets de droit, les limites qu’il génère, les bienfaits qu’il procure, les mensonges qu’il présuppose parfois, les promesses dont il s’enorgueillit souvent. J’ai quitté la Cour pour rejoindre l’Université Harvard et, là-bas, très tôt, j’ai trouvé des extraordinaires penseurs qui m’ont guidée dans cette quête—réfléchir et documenter le droit comme système, comme représentation, comme symbole.
Parlez-nous de votre parcours professionnel.
Je suis fascinée par les droits humains, la démocratisation du savoir et le leadership! J’aime créer des occasions de dialogue et bâtir des ponts entre le milieu universitaire, la magistrature, les ONG, les organisations internationales et le grand public, au Canada et dans le monde. Ancienne vice-doyenne à la recherche (2010-2012), titulaire de la Chaire de recherche sur le pluralisme juridique (2012-2018), Commissaire à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse -please tag @CDPDJ (2015-2018) et présidente/cheffe de la direction de la Fondation Trudeau (2018-2023), je suis animée et transportée par une nouvelle passion qui culmine toutes les facettes de ma carrière : l’Observatoire des droits humains à l’ONU (tag please) dont je suis la directrice fondatrice! C’est une aventure collective, qui se nourrit de la générosité de Pilotes, Collaborateurs, membres de l’équipe et Leaders, et dont l’objectif est de soutenir les travaux des organes de traités des Nations Unies à Genève tout en offrant un programme de leadership axé sur l'apprentissage par l'expérience dans un cadre interdisciplinaire et international. Suivez-vous!

François Larocque(LL.B. 1999), Professeur titulaire, Faculté de droit, Section de common law
Auxiliaire juridique en 2001-2002 avec la juge Louise Arbour
Quel est le plus précieux souvenir que vous gardez de cette expérience?
Parmi mes meilleurs souvenirs : le privilège de travailler pour l’incroyable Louise Arbour, qui revenait au Canada après un mandat transformateur en tant que procureure en chef du Tribunal pénal international pour le Rwanda et l’ex-Yougoslavie. Fait intéressant : avec l’arrivée de la juge Arbour, il y avait à la Cour, pour la première fois de son histoire, cinq juges francophones (les juges L’Heureux-Dubé, Gonthier, LeBel, Bastarache et Arbour). Je retiens également les belles amitiés que j’ai forgées avec les vingt-six autres auxiliaires juridiques. Des personnes brillantes qui m’inspiraient tous les jours par leur intelligence et leur éthique de travail. Bref, il régnait un bel esprit de collaboration au sein de la Cour suprême du Canada sous la direction du juge en chef McLachlin à cette époque.
Quelle influence ce stage a-t-il eue sur votre carrière et votre vie personnelle?
J’ai trouvé une mentore et des amis pour la vie. J’avais déjà l’intention de poursuivre des études supérieures, mais le fait que j’ai pu soumettre ma candidature au doctorat à Cambridge avec l’appui de la juge Arbour a certainement facilité les choses! Grâce à son soutien, j’ai non seulement été admise au programme de mon choix, j’ai aussi obtenu la Bourse du Commonwealth, qui a défrayé l’entièreté du coût de mes études. De plus, les habitudes de travail que j’ai cultivées à la CSC m’ont grandement aidée à compléter ma thèse doctorale de manière efficace et rigoureuse.

Kristen Boon, Doyenne, Faculté de droit, Section de common law
Auxiliaire juridique entre 2002-2003 avec le juge Ian Binnie
Quel est le plus précieux souvenir que vous gardez de cette expérience?
Jouer au hockey-balle au pied des marches à l’entrée de la CSC avec les autres auxiliaires et parfois même des juges!
Quelle influence ce stage a-t-il eue sur votre carrière et votre vie personnelle?
Cette année de stage a été incroyablement stimulante sur le plan intellectuel. Les auxiliaires ont la chance de découvrir une très grande variété d’affaires, de doctrines et de styles de plaidoirie. J’écoutais attentivement ces exposés pour apprendre à bien défendre des causes. J’ai vu la crème des avocates et des avocats plaidants du Canada pendant mon passage à la CSC. J’ai aussi aimé voir le travail des intervenants et des intervenantes, qui avaient différentes façons de préparer les dossiers ou donnaient la parole à différentes parties prenantes.
Parlez-nous de votre parcours professionnel.
Avant d’être d’auxiliaire juridique, j’ai passé deux ans au service du contentieux d’un cabinet de droit de New York. Après le stage, j’ai travaillé un court laps de temps à Affaires mondiales Canada (AMC) et à l’ONU, puis j’ai reçu une bourse de recherche de la Chumir Foundation à Calgary pour poursuivre mes travaux sur le droit international. J’ai ensuite obtenu un doctorat en sciences juridiques avec spécialisation en droit international de l’Université Columbia avant d’entreprendre une carrière universitaire. Aujourd’hui, je suis doyenne de la Faculté de droit, Section de common law de l’Université d’Ottawa et rédactrice en chef de l’Annuaire canadien de droit international.

Natasha Bakht (LL.B. 2002), Professeure titulaire, Faculté de droit, Section de common law
Auxiliaire juridique en 2003 avec la juge Louise Arbour
Quel est le plus précieux souvenir que vous gardez de cette expérience?
Faire la connaissance de personnes exceptionnelles avec qui j’ai noué des liens d’amitié durables.
Quelle influence ce stage a-t-il eue sur votre carrière et votre vie personnelle?
J’ai eu l’agréable surprise de découvrir un réseau de merveilleuses personnes qui ont toujours été là pour me conseiller, m’épauler et m’encourager au fil de ma carrière.
Parlez-nous de votre parcours professionnel.
J’enseigne dans une école de droit formidable; c’est l’emploi de mes rêves! Je côtoie chaque jour de brillants collègues ainsi que des étudiantes et étudiants attentionnés et d’une grande ouverture d’esprit. Mes travaux de recherche portent sur le droit de la famille et l’intersection entre la liberté religieuse et l’égalité des femmes. Les questions d’avant-garde dans le quotidien des communautés minoritaires sont donc au cœur de mes réflexions, de mes écrits, de mon enseignement et de mes sujets de conversation.

Gabriel Poliquin (LL.B. 2010), directeur du Programme de Certification de common law en français (CCLF)
Auxiliaire juridique en 2010 avec le juge Louis LeBel
Quel est le plus précieux souvenir que vous gardez de cette expérience?
La Cour a organisé un voyage de groupe pour les auxiliaires juridiques à Washington où nous avons pu échanger avec nos homologues de la Cour suprême. Nous avons assisté à une audience de la Cour et nous avons aussi eu l’occasion de rencontrer certains des juges. J’ai eu la chance de discuter avec les juges Alito, Kagan et Scalia. Tout un autre monde! Le voyage fut aussi une belle occasion d’apprendre à connaître mes collègues de la cour canadienne!
Quelle influence ce stage a-t-il eue sur votre carrière et votre vie personnelle?
Le fait d’avoir été auxiliaire juridique m’a permis de connaître d’autres juristes d’excellence provenant de toutes les régions du pays. Ces personnes forment un réseau extraordinaire de personnes avec qui j’ai gardé contact à ce jour et qui sont demeurés mes amis.
Parlez-nous de votre parcours professionnel.
Après mon stage à la Cour, j’ai pratiqué dans un grand cabinet national à Montréal, après quoi je suis revenu à Ottawa, ma ville natale, pour y pratiquer le droit dans une boutique de litige. J’ai eu l’occasion d’y acquérir une solide expérience de plaideur et d’y bâtir ma propre pratique. Lorsque je me suis senti près à voler de mes propres ailes, j’ai fondé ma propre pratique de litige qui se concentre principalement sur les litiges de droit public. J’ai toujours aimé la variété, alors je fais toujours plusieurs choses en même temps. En plus de pratiquer le droit, je siège comme juge suppléant à la Cour des petites créances, j’écris des articles de recherche et j’enseigne à l’Université d’Ottawa. Mon expérience à la Cour a informé toutes ces différentes facettes de ma carrière.

Pascal McDougall, Professeur agrégé, Faculté de droit, Section de droit civil
Auxiliaire juridique en 2015-2016 avec le juge Clément Gascon
Quelle influence ce stage a-t-il eue sur votre carrière et votre vie personnelle?
Mon travail comme auxiliaire juridique à la Cour suprême m’a permis d'affiner considérablement ma compréhension de la mécanique judiciaire et de la structure de l’argumentation juridique. Pour un futur professeur de droit, ce travail est extrêmement formateur. Je garde aussi d'excellents souvenirs de mon travail à la Cour en raison des liens d'amitié créés avec des jeunes juristes brilliant.e.s de partout au pays!
Parlez-nous de votre parcours professionnel.
Je suis professeur agrégé à la Section de droit civil de la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa. Après mon travail comme auxiliaire juridique à la Cour suprême, j’ai complété mon doctorat à Harvard Law School et été chercheur invité ainsi que chargé de cours à l’École de droit de l’Institut d’études politiques de Paris. J’ai ensuite été embauché à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa.

Jolene Hansell (J.D. 2018)
Auxiliaire juridque en 2020-2021 avec le juge Nicholas Kasirer
Quel est le plus précieux souvenir que vous gardez de cette expérience?
Discuter de toutes les subtilités du droit avec les autres auxiliaires et mes collègues. Quand on devient auxiliaire, on côtoie des gens brillants qui travaillent, pour la plupart, sur les mêmes dossiers que nous et avec qui on a envie de discuter pendant des heures du fonctionnement du droit, de ses failles et de la manière dont il s’applique – ou devrait s’appliquer – par rapport aux faits d’une affaire donnée. C’est comme un camp d’été durant lequel on s’attaque à des questions de droit complexes.
Quelle influence ce stage a-t-il eue sur votre carrière et votre vie personnelle?
Mon stage m’a permis de mieux comprendre le processus décisionnel des juges. En tant qu’avocate criminaliste et avocate d’appel, cette perspective est primordiale pour bien défendre mes causes devant le tribunal. J’en tiens compte tous les jours pour cerner les questions de droit pertinentes et les présenter de manière convaincante aux juges.
Parlez-nous de votre parcours professionnel.
Je suis avocate criminaliste. Je participe à des procès criminels et à des appels. Je suis aussi professeure auxiliaire à l’Université d’Ottawa, où j’enseigne le droit pénal, le droit constitutionnel public et le droit international public, selon l’année. J’encadre aussi l’équipe de l’Université d’Ottawa qui participe au Concours de procès simulé Jessup.
