Dans le cas d'une langue déclarée nationale, l'État ne s'engage pas lui-même à utiliser cette langue, mais seulement d'en assurer la protection et la promotion, puis d'en faciliter l'usage par les citoyens. Ainsi, un État peut décider d'accorder un tel statut parce qu'il paraît moins contraignant que l'officialité qui engage l'État à employer une langue donnée. L'objet de cette mesure est de reconnaître que le groupe n'est pas une simple minorité: il fait partie du patrimoine national. En principe, toutes les langues parlées par les habitants d'un pays pourraient être des langues nationales. Mais le seul fait de le reconnaître dans un texte juridique a des implications importantes parce que cette reconnaissance entraînera des droits.

Par exemple, en Suisse, les trois langues officielles fédérales sont l'allemand, le français et l'italien, mais les langues nationales sont l'allemand, le français, l'italien et le romanche; cela signifie aussi qu'une langue nationale peut aussi être une langue officielle. En Suisse, les locuteurs du romanche ont acquis des droits, mais ils sont moindres que ceux qui parlent les trois autres langues.

Au Royaume-Uni, la langue officielle est l'anglais, mais le gallois au pays de Galles, l'écossais en Écosse et l'irlandais en Irlande du Nord sont des « langues nationales ». Autrement dit, une langue nationale n'est pas nécessairement une « langue officielle ». Dans certains pays d'Afrique, comme au Sénégal, le gouvernement facilite l'enseignement du wolof en tant que langue nationale, mais continue d'utiliser le français comme langue officielle dans l'administration. Le Zimbabwe fait de même avec le shona dans les domaines de l'éducation et de la justice tout en utilisant l'anglais dans les autres secteurs. Le statut de « langue nationale » est donc inférieur à celui de langue officielle, mais il permet néanmoins une promotion assurée par l'État.

Au Canada, les deux langues officielles, l'anglais et le français, sont également des langues nationales, mais ce terme n'implique aucune valeur juridique dans les pratiques canadiennes. On pourrait dire aussi que les langues des autochtones sont des langues nationales. Pour diverses raisons, le Canada n'a pas cru bon de retenir cette notion de « langue nationale » dans ses textes de loi.