Bien que la section 133 de la Loi constitutionnelle de 1867 prévoyait déjà le bilinguisme dans les parlements du Québec et du Canada, ce n'est que depuis la Loi sur les langues officielles de 1969 que le bilinguisme est appliqué au gouvernement fédéral dans son ensemble, faisant du Canada un pays officiellement bilingue.

Introduction aux données sur le bilinguisme officiel et le plurilinguisme

Le multilinguisme individuel est, lui aussi, une caractéristique saillante de la société canadienne dû à l'immigration. Plus récemment, le taux de natalité national chez les Canadiens nés au pays se situait autour de 1,7 enfant par famille, ce qui est bien en deçà du taux de remplacement situé à 2,1, et il décline toujours aujourd’hui (Bohnert, Chagnon & Dion, 2015 : 2). Dans le même ordre d’idées, la société canadienne est vieillissante. En d’autres mots, la proportion de citoyens âgés de 65 ans et plus dépasse celle des enfants âgés de 0 à 14 ans (Lebel & Charbonneau, 2015 : 51). Ces deux tendances démographiques expliquent le besoin d’un programme d’immigration qui favorise le développement du Canada. Plus important encore, la population issue de l’immigration représentant plus de 200 pays en 2011, on peut s’attendre à ce que la mosaïque linguistique s’enrichisse. 

Statistique Canada collecte un large éventail de données sur le bilinguisme officiel et le plurilinguisme. Cette section offre une présentation des tableaux de données agrégées les plus récents touchant ce sujet et se termine avec plusieurs publications pertinentes. 

Tableaux de données - bilinguisme officiel

En ce qui concerne le bilinguisme de langue officielle, les données proviennent principalement du Recensement de la population (1901-) et de l’Enquête nationale auprès des ménages (2011). Ces bases de données permettent à un utilisateur de choisir parmi les critères suivants : Langue maternelle (plusieurs réponses), Connaissance des langues officiellesLangues parlées à la maisonPremière langue officielle parlée, ou une combinaison de ces critères. Les passages suivants présentent plusieurs tableaux qui correspondent à chaque variable.

Ci-dessous vous trouverez un tableau récapitulatif qui contient la variable Connaissance des langues officielles pour toute la population canadienne de 1951 à 2011, aux niveaux fédéral, provincial et territorial. La question posée pour cette variable est la suivante : « Cette personne connaît-elle assez bien le français ou l’anglais pour soutenir une conversation? » Cette variable présente l’avantage d’être assez comparable depuis 1951 et de recueillir de l’information sur une compétence productive en langue (c.-à-d. la compréhension orale et l’expression orale). Pour connaître les résultats de régions plus précises y compris les zones métropolitaines, consultez la page Langue maternelle détaillée (232), connaissance des langues officielles (5), groupes d'âge (17A) et sexe (3) (#98-314-XCB2011031) qui contient les données les plus récentes (2011) disponibles.

Population selon la connaissance des langues officielles (pdf, 409 Ko)

En observant le tableau 1951-2011 (ci-dessus), on peut facilement arriver à certaines conclusions. Plus précisément, trois principales tendances peuvent être observées.

L’une de ces tendances est la croissance nette des taux de bilinguisme aux niveaux national, provincial et territorial (nombre de personnes). Une seconde tendance que nous souhaitons souligner est la montée relative du bilinguisme au pays, dans les provinces et les territoires (en pourcentage) comparativement à la population canadienne totale. Finalement, les taux de bilinguisme peuvent aussi être calculés sur différents niveaux géographiques. Pour ce faire, nous utilisons le tableau présenté plus haut et le critère Connaissance des langues officielles afin de définir les individus bilingues.

Au niveau national, durant la période allant de 1951 à 2011, le nombre net d’individus bilingues de langues officielles au niveau national est passé de 1,7 million à 5,8 millions (Lepage & Corbeil, 2013 : 2). Au niveau national, cette augmentation représente un bond de 12,3 % à 17,5 % de la population canadienne totale (Ibid., 2013 : 2).

Aux niveaux provincial et territorial, les données sur les taux de bilinguisme sont encore plus intéressantes. Dans la plupart des cas, le taux de bilinguisme pour la période allant de 1951 à 2011 est demeuré stable dans seulement deux régions, c’est-à-dire en Saskatchewan (-0,3 %) et au Nunavut (-0,3 %). Par ailleurs, le taux de bilinguisme a vu une augmentation modérée allant de 1 à 4 % dans neuf autres provinces/territoires. Les augmentations enregistrées par le Nouveau-Brunswick et le Québec sont les plus marquantes : on parle dans ces cas-ci d’un passage respectif de 18,6 % à 33,2 % et de 25,6 % à 42,6 %. Ces deux dernières régions ont connu une augmentation respective de 14,6 % et de 17 % sur une période de 60 ans.

Au-delà du taux de bilinguisme en pourcentage, on peut aussi se pencher sur la distribution du bilinguisme à travers les provinces et les territoires. Par exemple, sur le total national de 5,8 millions d’individus bilingues en date de 2011, plus de 80 % vivent dans les provinces de l’Ontario (24,1 %) et du Québec (57,4 %). Dans d’autres provinces et territoires, la proportion d’individus bilingues varie de moins d’1 % (le Nunavut, le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest, la Saskatchewan, l’Î.-P.-É. et Terre-Neuve) à environ 4 % (l’Alberta et le Nouveau-Brunswick) et 5 % (la Colombie-Britannique).

Tableaux de données - plurilinguisme

Trois différentes variables peuvent être utilisées pour présenter des données sur le plurilinguisme : Connaissance des langues non officiellesLangue maternelle et Langue d'usage au foyer. Ci-dessous se trouvent des tableaux généraux présentant des données relatives à chaque variable.

Mesurer le plurilinguisme selon la variable Connaissance des langues non officielles

La variable la plus souvent utilisée afin de produire des statistiques sur le plurilinguisme au Canada est celle de la Connaissance des langues non officielles. Introduite en 1991, cette variable est présente dans la question « Quelle(s) langue(s), autre(s) que le français ou l’anglais, cette personne connaît-elle assez bien pour soutenir une conversation? » La mesure est presque exhaustive puisqu’elle présente 186 des langues les plus communément parlées au Canada, comprenant à la fois des langues autochtones et issues de l’immigration. Sa pertinence publique actuelle est limitée puisque les données qui y sont associées ne sont disponibles que sous forme autonome par l’entremise d’un profil ENM au niveau national plutôt que sur des tableaux croisés standards. Cela dit, il est possible de demander des tableaux personnalisés par l’entremise du Programme des Centres de données de recherche (CDR). Le tableau le plus complet qui soit disponible se trouve ci-dessous.

Connaissance des langues non-officielles (2011) Enquête nationale sur les ménages. Statistique Canada. Cat.  99-004-XWE. Ottawa. Septembre 2013. 

Mesurer le plurilinguisme selon la variable Langue d'usage au foyer

Un autre moyen de mesurer le plurilinguisme est d’utiliser la variable Langue d'usage au foyer. La question sur la langue parlée à la maison est divisée en deux parties. La première partie porte sur la langue parlée le plus souvent à la maison, tandis que la seconde porte sur d’autre(s) langue(s) parlée(s) régulièrement à la maison. Les deux questions comportent des réponses uniques ou multiples, selon le besoin. Durant l’année de référence 2011, cette variable comptait 232 catégories linguistiques. Ces deux questions permettent au chercheur d’avoir une meilleure idée des langues les plus communément parlées à la maison. Il est à noter que chaque question qui compose cette variable a été introduite à différents moments.

En ce qui concerne les produits de données, nous incluons deux tableaux ci-dessous. Le premier est un tableau historique qui fournit des chiffres de population généraux. Le second tableau contient les données liées à la variable Langue parlée à la maison en fonction de l’âge et du genre pour l’année de référence 2011.

Population selon la langue parlée le plus souvent à la maison (pdf, 341.84 KB)

Langue parlée plus souvent à la maison (232), Autres langues partagées régulièrement à la maison (233), à l'âge (17) et au sexe (3) pour le Canada, les provinces et les territoires et les régions métropolitaines (Cat. 98-314-X2011042 )

Mesurer le plurilinguisme selon la variable Langue maternelle (réponses multiples)

Enfin, le plurilinguisme peut également être examiné en utilisant la variable Langue maternelle. Cela peut être fait en utilisant la catégorie «réponses multiples». La force de cette variable provient du fait qu'elle a fait partie du recensement depuis 1901 et est plus ou moins comparable depuis 1941. En d'autres termes, de longues périodes peuvent être examinées. Néanmoins, cette variable n'est pas sans inconvénients. Un de ses  inconvénients est qu'elle ne mesure que la compréhension auditive auto-déclarée. En ce qui concerne les produits de données, pour ce segment, nous fournissons un tableau historique général pour le nombre total de population suivi d'un tableau actuel de 2011.

Population selon Langue maternelle.pdf (pdf, 368.15 KB)

Langue maternelle détaillée (192) Réponses individuelles et à plusieurs langues (3) Groupes d'âge (7) et sexe (3) pour le Canada, les provinces et les territoires et les régions métropolitaines (Cat. 98-314-XCB2011017)

Mesurer le plurilinguisme en utilisant deux variables ou plus: transfert et intégration 

Au-delà d'un simple dénombrement de la population, ces trois variables peuvent également être croisées l'une avec l'autre pour éclairer les différents phénomènes linguistiques. Par exemple, par des analyses croisées entre les variables Langue maternelle et Langue le plus souvent utilisée au foyer, le chercheur peut inférer le transfert linguistique. Par exemple, si une personne a parlé l'espagnol comme langue maternelle dans son enfance et parle uniquement l'anglais maintenant, on peut déduire que le transfert s'est produit.

De même, par des analyses croisées entre les variables Langue maternelle / Langue le plus souvent utilisée au foyer et Connaissance des langues officielles on peut mieux comprendre les besoins potentiels d'intégration linguistique. Par exemple, une personne qui parle l'espagnol à la maison et ne déclare pas la connaissance des langues officielles peut nécessiter une formation linguistique pour faciliter son intégration au Canada. Cette tendance pourrait encore être corroborée en incluant la langue de travail d'une personne. En effet, si un individu déclare l'espagnol, par exemple, comme utilisé à la maison et au travail tout en déclarant un manque de connaissance des langues officielles, les besoins d'intégration linguistique peuvent être déduits.

Pour répondre à ces différents objectifs, nous fournissons cinq tableaux. Le premier concerne la langue maternelle et la langue le plus souvent utilisée au foyer et peut être utilisé pour évaluer le transfert linguistique. Les deuxième et troisième tableaux sont semblables, sauf qu'ils se concentrent uniquement sur les Autochtones et les Inuits respectivement. Les deux derniers tableaux peuvent être utilisés pour étudier l'intégration linguistique dans la mesure où ils comparent la langue maternelle avec la connaissance des langues officielles pour la population en général et les peuples Inuits en particulier.

Transfert linguistique

(Général) Langue maternelle détaillée (232), Langue parlée plus souvent à la maison (232) Autres langues parlées régulièrement à la maison (9) Sexe (3) pour le Canada, les provinces et les territoires et les régions métropolitaines

(Autochtone) Langue maternelle détaillée (85) Langues parlées le plus souvent à la maison (85) Autres langues parlées régulièrement à la maison (12) Âge (13) Sexe (3) et région de résidence (6) pour le Canada et les provinces et les territoires (Cat . 98-314-X2011048)

(Inuit) Langue maternelle détaillée (15) Langues parlées le plus souvent à la maison (15) Autres langues régulièrement parlées à la maison (16) Âge (13) Sexe (3) et résidence de la région Inuit (11) pour le Canada et les provinces / territoires (Cat 98-314-X2011049)

Intégration linguistique

(Général) Langue maternelle détaillée (232) Connaissance des langues officielles (5), de l'âge (17) et du sexe pour le Canada, les provinces et les territoires et les régions métropolitaines (Cat. 98-314-XCB2011031)

(Inuit) Langue maternelle détaillée Langues inuites (15), Connaissance des langues inuites (10), Identité autochtone (8), groupe d'âge (8), pour le Canada, les provinces et les territoires (Cat. 99-011-X2011031)

Catégorisation de groupes multilingues

Une dernière utilisation éventuelle des jeux de données que nous proposons est de diviser le plurilinguisme en plusieurs catégories. En pratique, ces constellations peuvent inclure les unilingues  anglophones, francophones, locuteurs de langues autochtones ou de langues d'immigration tout comme les bilingues de langues officielles, anglais-langue autochtone, anglais-langue d'immigration, français-langue autochtone ou français-langue d'immigration. On peut aussi étudier des personnes tri- ou multilingues. Le tableau ci-dessous illustre ces possibilités. 

Première langue officielle parlée (7) Langue parlée le plus souvent à la maison (232) Âge (17) Sexe (3) pour le Canada, les provinces et les territoires et les divisions et subdivisions de recensement (Cat. 98-314-XCB2011039)

Publications connexes

1.   Bougie, E. (2010) Famille, communauté et languesautochtones chez lesjeunesenfants des Premières nations vivant hors réserve auCanada  .Tendancessocialescanadiennes  . (Cat. 11-008-X)

2.   Corbeil, J.-P. (2011) L’information démolinguistique et le recensement Canadien (1969-2009): Reflet d’une dualité linguistique en mutation. In Jedwab, J. and Landry, R. (eds) Life After Forty: Official Languages Policy in Canada. Montréal and Kingston: Queen’s Policy Studies Series, Mcgill University press.

3.   Corbeil, J.-P. (2012) Caractéristiques linguistiques des CanadiensLangue, [Recensement de la population de 2011­]

4.   Harrison, B. (2000) La transmission de la langue : la diversité des langues ancestrales au Canada  . Tendancessocialescanadiennes. (Cat 11-008)

5.   Houle, R. (2011) Les langues immigrantes au Canada . Recensement en bref. (Cat. 98-314-X2011003)  

6. Houle, R. (2011) Évolution récente de la transmission des langues immigrantes au Canada  . Tendances sociales canadiennes. (Cat. 11-008-X)

7.   Houle, R. et Corbeil, J.P. (2017) Projections linguistiques pour le Canada, 2011 à 2036 . Série thématique sur l’ethnicité, la langue et l’immigration

8.   Langlois, S. et Turner, A. (2011) Les langues autochtones au CanadaRecensement en bref. (Cat. 98-314-X2011003)

9.  Langlois, S. et Turner, A. (2014) Les langues autochtones et certains facteurs de vitalité en 2011 .(Cat. 89-655-X-No.001)

10.   Langois, S. (2011) Les peuples autochtones et la langueENM en bref (Cat. 99-011-X2011003)

11.  Lepage, J.-F. et Corbeil, J-P. (2013)  L’évolution du bilinguisme français-anglais au Canada de 1961 à 2011Regards sur la société canadienne. Catalogue no. 75-006-X

12.   Norris, M.J. (2007) Langues autochtones au Canada : nouvelles tendances et perspectives sur l’acquisition d’une langue seconde. Tendances sociales canadiennes. (Cat. 11-008-X)

13.  Statistics Canada Megatrends (2011) L'évolution du bilinguisme français-anglais au Canada de 1901 à 2011Canadian Megatrends.

14.   Turcotte, M. (2006) La transmission de la langue ancestrale. Tendances sociales canadiennes. (Cat. 11-008)